Rousseau

Abjuration : renoncement à une religion, à une opinion ( le terme est utilisé dans le Livre II des Confessions de Rousseau pour faire référence au renoncement de Rousseau, de Mme de Warens, d'Henri IV, à la religion protestante lors de leur retour au sein de la religion catholique. On notera d'ailleurs qu'il s'agit bien d'un retour -Rousseau parle de "rentrer"- puisque les protestants sont des dissidents du catholicisme)

Abjurer : renoncer à une religion, une opinion

Affliction : un chagrin profond, important ("elle me parlait d'un ton si touchant de l'affliction de mon père" Les Confessions , Livre II, § 16)

Affriandé : attiré par ( " je ne restai pas même affriandé de jolies femmes " Les Confessions , Livre II § 78)

Agréer : être au goût de ( " Je n'eus pas le bonheur d'agréer à ces trois personnes " Les Confessions , Livre II § 85)

Aiguillette : élément de décoration vestimentaire, cordon tressé de l'habit militaire ( " la seule distinction fut qu'ils portaient l'aiguillette, et qu'on ne me la donna pas " Les Confessions , Livre II § 80)

Air grenadier : l'air que pouvait avoir un grenadier, un soldat appartenant à un corps d'armée réputé et donc qui paraissait particulièrement impressionnant (" C'était un homme entre deux âges, (...) l'air grenadier " , Les Confessions, Livre II § 27

Alchimie : Activité des alchimistes, savants ou pseudo-savants, qui, par des recherches plus ou moins chimiques sur la matière, tentaient de percer le secret de la vie. L'alchimie est un mélange de connaissances scientifiques et de mysticisme, de croyances en des formules magiques. Marguerite Yourcenar, dans L'Oeuvre au Noir , évoque un alchimiste en la personne de Zénon, plus scientifique que mystique mais forcé de se cacher pour échapper à la censure de l'époque.

Animer : au sens premier : donner la vie, en donnant une âme . Ici Rousseau joue sur les mots : Mme Basile aurait pu autoriser les mouvements d'amour de Jean-Jacques et donc laisser vivre ces sentiments qui auraient sans doute fait grandir le petit garçon qu'il était alors...( " elle s'y fût prise autrement pour animer un petit garçon " Les Confessions , Livre II § 71)

Apologiste : celui qui fait l'apologie de quelque chose, qui vante les mérites d'une thèse, d'une idée,de quelqu'un ou défend une thèse. Ici, il s'agit d'un prêtre qui défend un homme qui s'intéresse aux jeunes hommes, et prend la défense d'une sexualité entre individus du même sexe . ( " l'aversion de la chose s'étendit à l'apologiste " Les Confessions , Livre II § 53)

Apostat : l'apostat est celui qui renie ses voeux religieux. Rousseau a le sentiment, en acceptant de se convertir au catholicisme de renier sa religion antérieure et il se sent coupable . De surcroît, comme il en attendait un état qu'il n'a pas, il se sent dupé. Toute la question est de savoir s'il n'a pas été dupe de sa propre imagination : on relira à ce propos le passage sur son voyage à Turin ( " le souvenir d'avoir été apostat et dupe à la fois " Les Confessions , Livre II § 60)

Assaisonner : le terme désigne l'action de relever un plat, une salade. Il est par contre utilisé ici d'une manière péjorative et signifie rajouter de manière peu amène : le contexte d'utilisation du terme chez Rousseau est d'ailleurs sans ambiguïté ( " Il assaisonna sa commission de tout ce qui pouvait la rendre insultante " Les Confessions , Livre II § 77)

Assorti : qui convient à quelque chose, parce qu'en harmonie avec elle. ( " C'est là, selon moi, la bonne philosophie, la seule vraiment assortie au coeur humain " Les Confessions , Livre II , § 26)

Ardent : passionné. Le sens est connu, mais on gagnerait à se souvenir de l'origine du mot : ardre ou ardoir signifie brûler. Ardent a donc à l'origine le sens de brûlant. Dans le vocabulaire précieux, il se retrouve associé à la "flamme" ( " les ardents désirs " Les Confessions , Livre II § 68)

Augure : C'est le signe annonciateur d'une bonne ou d'une mauvaise nouvelle. Issu des besoins de hommes d'interpréter le futur. De là l'idée qu'un oiseau venant de gauche (la gauche se disant senestre en ancien français) pouvait être un présage sinistre . A l'opposé dexte , droite, a été à l'origine du sens d'adroit, c'est-à-dire habile. ( " Ce début me parut de bon augure " Les Confessions , Livre II § 65)

Aune : Il s'agit de la mesure. On connaît l'expression " à l'aune de ". Le Petit Robert précise que l'aune mesurait environ 1m20 ( " avec l'aune de la boutique " Les Confessions , Livre II § 78)

Aversion : répulsion, dégoût, répugnance (" j'avais l'aversion particulière à notre ville pour le catholicisme " Les Confessions, Livre II § 40)

Avili : rabaissé, souillé . Le terme est dérivé de vil, méprisable, qui ne mérite plus de considération ( " l'innocence avilie " Les Confessions , Livre II § 90)

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Babil : un propos superficiel, futile et enfantin ( " Quand rien ne m'apprenait si mon babil plaisait ou déplaisait, j'étais toujours en crainte " Les Confessions , Livre II § 83)

Bagatelle : chose de peu d'importance, de peu de valeur ( " Le vol n'était qu'une bagatelle " Les Confessions , Livre II § 90)

Balustre (un) : petite colonne qui sert d'appui à une pièce de bois, de pierre... Ici, le terme me semble plutôt désigner la balustrade, qui est la sorte de barrière faite à l'aide de balustres. ("Que ne puis-je entourer d'un balustre d'or cette heureuse place" Les Confessions, Livre II, § 7)

Baragouin : langage incompréhensible . Baragouin franc ne signifie pas qu'il s'agissait d'un langage incompréhensible qui ne mentait pas mais plutôt qu'il s'agissait, sans mentir, d'un langage incompréhensible ( " baragouin franc " Les Confessions , Livre II § 48)

Baume : pommade aux principes actifs tirés de plantes parfumées destinés à soigner les douleurs ( Les Confessions, Livre II, §11)

Bercail : terme aux connotations religieuses qui désigne le sein de l'église par allusion à la métaphore de la brebis. Le bercail du Seigneur, désigne de manière concrète l'Hospice des catéchumène mais en faisant allusion à sa dimension symbolique. (" le bercail du Seigneur " Les Confessions, Livre II § 34)

Bientôt : valeur d'anticipation par l'insistance sur la rapidité du temps . A le sens de "très tôt, très vite" (" Bientôt les devoirs, les affaires, un bagage à porter m'ont forcé de faire le monsieur " Les Confessions , Livre II § 30)

Bourdon ( Faux-bourdon) : grosse cloche au son grave ( " j'aimais le faux-bourdon des prêtres " Les Confessions , Livre II § 61)

Bourru : renfrogné, peu aimable ( " mon manant ne fut pas si bourru qu'il en avait l'air " Les Confessions , Livre II § 27)

Brandebourg : exemple de nom issu du lieu où l'objet était fabriqué ; Le brandebourg est une broderie, une passementerie ornemantale ( " une robe grise, garnie de brandebourgs blancs " Les Confessions , Livre II § 57)

a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z

c Haut de page

Cailletage : bavardage de caillette, bavarde invétérée et futile. (" la vie uniforme et simple des religieuses, leur petit cailletage de parloir" Les Confessions, Livre II § 13 )

Candeur : purerté, innocence ( " la candeur de son âme régénérée " Les Confessions , Livre II § 55)

Capucinade : propos de morale banale. Le terme vient des moines capucins ( " débitant d'un ton racoleur ses capucinades " Les Confessions , Livre II § 27)

Cathéchumène : individu initié à la foi et à la religion chrétienne en vue de le baptiser. On voit bien que Rousseau dans cet établissement est censé recevoir l'enseignement qui en fera un bon catholique converti (" un hospice établi pour l'instruction des catéchumènes " , Les Confessions , Livre II, § 17, voir aussi § 34)

Causer : s'entretenir familièrement ( " [Il] causait avec moi " Les Confessions , Livre II § 48)

Censure : critique, condamnation( " Il prolongea sa censure " Les Confessions , Livre II § 52)

Chère : nourriture, repas. Evoque la qualité et l'abondance de la nourriture que l'on fait parvenir à Jean-Jacques ( " de la bonne chère " Les Confessions , Livre II § 76)

Circonspect : prudent ( " Cela me rendit plus circonspect " Les Confessions , Livre II § 72)

Clôture : la clôture désigne l'espace d'un monastère qui est réservée aux religieux et à l'intérieur duquel ils vivent reclus. Mais c'est aussi le voeu de renoncement à la vie laïque.( " Mais elle s'ennuya de sa clôture " Les Confessions, Livre II, § 34)

Colloque : débat, entretien de deux ou plusieurs personnes ( " ennuyée des sots colloques du commis " Les Confessions , Livre II § 68)

Commettre : compromettre, mettre en danger ( " m'accusant (...) de commettre l'honneur d'une maison sainte " Les Confessions , Livre II § 51)

Commisération : pitié , compassion (" avec un regard de commisération " Les Confessions, Livre II, § 16)

Concupiscence : sentiment de vif désir, ici, de désir sensuel ( " ce visage enflammé de la plus brutale concupiscence " Les Confessions , Livre II § 50)

Consommé : achevé , parachevé ( " Si je survis assez à cette entreprise consommée pour en reprendre une autre..." Les Confessions , Livre II § 26)

Cordeliers : il s'agit de religieux de l'ordre de Saint François d'Assise. ( Les Confessions, Livre II, § 8)

Coulpe : péché ( " je crains peu d'en emporter la coulpe avec moi " Les Confessions , Livre II § 92)

Crime de lèse-catholicité : Habituellement, on parle de crime de lèse-majesté pour signifier que le crime a porté atteinte au souverain et à son symbole, le pouvoir suprême. On désigne ainsi un sommet du crime. Rousseau décalque l'expression pour souligner quel pouvoir se dresse au-dessus de Mme de Warens. [l'expression de Rousseau est citée dans Le Petit Robert ed. de 1981] (" Dans sa position c'eût été un crime de lèse-catholicité" Les Confessions, Livre II § 16)

d Haut de page

Débraillé : à la tenue vestimentaie en désordre ( " toujours débraillée et décoiffée " Les Confessions , Livre II § 62)

Décemment : d'une manière décente, c'est-à-dire qui pourrait être en accord aux bonnes moeurs (" une femme du sien ne pouvait décemment vouloir retenir un jeune homme auprès d'elle" , Les Confessions, Livre II, § 18)

Défrayer : (" il faisait, bien défrayé, le voyage de Turin " , Les Confessions , Livre II § 27; voir aussi § 33)

Dévôt : désigne des individus très attachés à la religion et qui donc, en général, font très attention à en suivre les préceptes et les rites. Molière, dans son Tartuffe, oppose les "dévôts" aux "faux dévôts" (Tartuffe)

Dogmatique : qui concerne le dogme, mais aussi qui s'en tient à une certaine rigidité des principes. (Les Confessions, Livre II § 4 « elle [cette façon de penser] est celle de toute religion dogmatique où l'on fait l'essentiel non de faire, mais de croire» : Rousseau oppose la rigidité d'un principe à son application et à ce que cette mise en oeuvre de la pratique suppose d'écarts apparents. Pour ceux qui connaissent Le Noeud de vipères de F. Mauriac,on pourrait opposer la pratique de Louis -vrai chrétien qui s'ignore- à celle d' Isa, son épouse, chrétienne pratiquante qui embrasse les thèses du conservatisme catholique, jusque dans la défense des institutions dans l'affaire Dreyfus)

Dogme : à l'origine, un point de doctrine fondamental dans la religion, qui ne peut être remis en question. Le terme s'étend ensuite à l'ensemble de ces points pour désigner l'ensemble des textes fondateurs (ici de la religion catholique- Confessions L.II, § 4 , voir aussi § 57)

Drogue : médicament. A l'origine le terme désignait les éléments de base d'un médicament.

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Econduit : rejeté par rapport à la demande que Rousseau formulait( " je fus presque partout éconduit " Les Confessions , Livre II § 65)

Edifier : élever à la vertu, à la piété (" les inviter (...) à m'édifier par leurs exemples " Les Confessions, Livre II § 35)

Elixir : boisson médicamenteuse (« elle faisait des élixirs », Mme de Warens, Les Confessions, Livre II § 11)

Emboucher : endoctriner (" [Il] emboucha si bien les bons prêtres " , Les Confessions, Livre II § 18)

Empirique : qui procède plus par tatônnement, par sentiment que par réelle connaissance scientifique. Ainsi, empiriquement l'homme a eu le sentiment que la Terre était un disque, et que le soleil tournait autour d'elle. Il en a déduit la suprématie de la Terre et des hommes, faits par Dieu ( ou les dieux ) à son image. Galilée a mis en évidence le système solaire, par une approche scientifique.

Empreint : imprimée ( " l'image de cette aimable femme est restée empreinte au fond de mon coeur " Les Confessions , Livre II § 71)

Ennuyé : contrarié, importuné par, lassé de ( " Un jour qu'ennuyée des sots colloques du commis, elle avait monté dans sa chambre " Les Confessions , Livre II § 68)

Equipage : Habit, nécessaire à l'entretien de quelqu'un ( " Cependant ses libéralités avaient un peu remonté mon petit équipage " Les Confessions , Livre II § 79)

Ergoteries : discussion de chicane, de contestation ( " ces petites ergoteries " Les Confessions , Livre II § 47)

Esclavon : originaire de Slavonie ou Esclavonie (" Deux de ces coquins étaient des Esclavons " Les Confessions , Livre II § 34)

Exhortation : parole de persuasion en vue de pousser quelqu'un à faire quelque chose (" On nous fit une courte exhortation " Les Confessions, Livre II § 35)

Exhorter : action d'exhorter; pousser quelqu'un à faire quelque chose en usant de persuasion ("Elles n'osait m'exhorter" Les Confessions, Livre II § 16)

Expédient : Moyen rapide de se tirer d'embarras, et qui n'est pas toujours normal ( " Cet expédient ne fut pas fort heureux " Les Confessions , Livre II § 65)

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Faute : " Faire faute" : faire manquer de quelque chose (" ce n'était pas la peine de m'en faire faute " Les Confessions , Livre II § 29)

Félicité : bonheur parfait (" ma prochaine félicité " Les Confessions, Livre II § 29)

Fichu : étoffe convrant la tête, la gorge ou les épaules . Ici, le fichu couvre la gorge de Mme Basile ( " je voyais (...) son fichu se renfler assez fréquemment " Les Confessions , Livre II § 66)

Folâtre : léger, peu sérieux, enclin à la plaisanterie ( " de folâtres jeux " Les Confessions , Livre II § 29)

Fourrer (se) : se mettre (" Notre homme avait le talent d'intriguer en se fourrant toujours avec des prêtres " , Les Confessions , Livre II, § 27)

Frivole : insouciant, peu sérieux, futile ( " mais le public, qui est frivole, ne l'y a pas su remarquer " , Les Confessions, Livre II § 26)

g Haut de page

Giunca : lait caillé [Jean-Jacques Rousseau Les Confessions Livres I à IV éd. Folio Classique, notes de Catherine Koenig, p.255] ( " on me donna de la giunca" Les Confessions , Livre II § 61)

Goguenard : qui semble se moquer d'autrui( " il devint même railleur, goguenard " Les Confessions , Livre II § 72)

Grabat : ( " je trouvai chez elle un grabat vide " Les Confessions , Livre II § 62)

Grisse : gressins [Jean-Jacques Rousseau Les Confessions Livres I à IV éd. Folio Classique, notes de Catherine Koenig, p.255]( " deux grisses de cet excellent pain de Piémont " Les Confessions , Livre II § 61)

h Haut de page

Hérésie : doctrine s'opposant à la doctrine soutenue par l'église (dogme) . Ici, pour les catholiques, les protestants sont des hérétiques, ils sont dans l'hérésie parce qu'ils ont adoptée une doctrine qui paraît fausse, voire dangereuse à l'église.

i Haut de page

Idolâtrie : culte considéré comme excessif, fondé sur l'image -idole- d'un dieu, d'une divinité (" le catholicisme, qu'on nous donnait pour une affreuse idolâtrie " Les Confessions, Livre II § 40)

Impudence : cynisme, audace ( " il poussa l'impudence jusqu'à se servir des propres termes " Les Confessions , Livre II § 52)

Imputation : accusation, le fait de mettre quelque chose sur le compte de quelqu'un ( " Elle emportait une imputation cruelle à son honneur " Les Confessions , Livre II § 90)

Imputer : accuser, mettre quelque chose sur le compte de quelqu'un( " On m'a imputé de vouloir être original " , Les Confessions , Livre II , § 24)

Indigence : pauvreté ( " dans le sein de l'indigence" Les Confessions, Livre II, § 12 )

Infernal : digne des enfers ou en rapport avec les enfers ( " avec une impudence infernale " Les Confessions , Livre II § 89)

Insinuer (s') : s'infiltrer, se glisser, se faufiler ( " dont la femme (...) s'était tellement insinuée dans les bonnes grâces de sa maîtresse " Les Confessions , Livre II § 85)

Intriguer : manoeuvrer (" Notre homme avait le talent d'intriguer " , Les Confessions , Livre II, § 27)

Invective : parole agressive, attaque verbale ( " sans se permette jamais contre moi la moindre invective " Les Confessions , Livre II § 89)

j Haut de page

Jacobin : Religieux appartenant à l'ordre de Saint Jacques de Compostelle. A la Révolutin, le terme désigna des révolutionnaires qui se réunissaient dans un ancien couvent de Jacobins. Ici, c'est le premier sens qui est utilisé par Rousseau( " où se trouva aussi un jacobin " Les Confessions , Livre II § 75)

Jargon : Langage confus, compliqué et donc incompréhensible. Langage propre à un groupe particulier et donc peu compréhensible des autres individus. (" il avait pris à leur école un certain jargon dévôt " Les Confessions, Livre II, § 27)

Jaser : ici, parler inconsidérément, avec indiscrétion (" j'avais jasé " Les Confessions , Livre II, § 33, voir aussi § 83)

k Haut de page

l Haut de page

Libelles : court écrit à visée satirique pour attaquer, ici, les protestants (livre II § 4)

Libéralité : générosité, don généreux . Il est à remarquer que Rousseau atténue le caractère généreux du terme par "un peu" . ( " Cependant ses libéralités avaient un peu remonté mon petit équipage " Les Confessions , Livre II § 79)

Libertin : ici, affranchi des lois religieuses. Rousseau veut dire qu'il gardait un sens religieux au plus profond de lui malgré son dévergondage. Voir éventuellement le sens du terme au XVIIème siècle avec Dom Juan de Molière. ( " Je devins polisson, mais non libertin " Les Confessions , Livre II § 37)

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Magistère : médicament aux vertus souveraines ( " elle faisait des élixirs, des teintures, des baumes, des magistères" Les Confessions , Livre II § 11)

Magnificence : La beauté et la richesse développées en abondance. ( " la magnificence qui frappait mes yeux " Les Confessions , Livre II § 63)

Mal (haut Mal) : Epilepsie .( " je le crus saisi du haut mal " Les Confessions , Livre II § 50)

Manant : Désigne au Moyen Age un villageois; puis le terme prend franchement le sens de paysan et de rustre. C'est ce dernier sens qu'il a ici. A noter que ROusseau n'appelle jamais le mari de Mme Sabran autrement que "manant" ou "diable d'homme", plus loin "dévôt guide" : reste d'animosité à l'égard de quelqu'un qui l'éloigne de Mme de Warens ? ("un gros manant" Les Confessions, Livre II, § 15)

Maxime : Ici, règle de conduite. Par contre, on trouve ches Rousseau et dans Les Confessions des maximes, c'est-à-dire des sentences, des formules marquées qui énoncent des jugements moraux. (" J'en ai tiré cette grande maxime de morale " , Les Confessions , Livre II , § 23)

Mercuriale : remontrance [ A l'origine: réunion du mercredi des cours de justice où se faisait une critique de la justice] .( " un des administrateur vint de bon matin m'adresser une assez vive mercuriale " Les Confessions , Livre II § 51)

Ménager : procurer . ( " le patron qu'elle m'avait ménagé " Les Confessions , Livre II § 78)

Mignon : qui, dans son apparence menue, a de la grâce et de l'agrément [Le Petit Robert 1981]. Le même Petit Robert rappelle Ronsard que tout le monde ( j'espère ! ) a lu : "Mignonne, allons voir si la rose..."

Ministre : ici les pasteurs protestants. Le ministre désigne avant tout celui qui est chargé de l'administration d'un culte. Il peut donc s'agir d'un pasteur ou d'un prêtre selon la religion. ( " une espèce de missionnaire qui n'imaginait rien de mieux, pour le bien de la foi, que de faire des libelles contre les ministres de Genève " Les Confessions , Livre II § 4)

Moralement : sur le plan intellectuel . (" [mon père] était moralement sûr " Les Confessions , Livre II, § 22)

n Haut de page

Navré : profondément affligé . ( " le coeur navré " Les Confessions , Livre II § 77)

Néophyte : terme d'origine religieuse désignant les personnes nouvellement converties au christianisme. Par extension, individu nouvellement entré dans un groupe et manquant d'expérience. Il est notable que Rousseau développe tout un champ lexical de la religion dans le Livre II. Par contre, ce champ n'est pas exclusivement utilisé à propos de choses religieuses. ( Les Confessions , Livre II § 40)

Niche : nous dirions de son trou. La niche est un réduit, un renfoncement dans un mur. Ici le terme souligne à la fois l'impression de confinement que Rousseau ressent de son séjour à l'Hospice des catéchumènes et l'inexpérience qui en résulte pour lui de ce qui se passe dans le monde. ( " pour un jeune homme sortant de sa niche " Les Confessions , Livre II § 63)

Novice : Individu nouvellement entré en religion et donc soumis à un temps d'épreuve avant de formuler ses voeux définitifs. Désigne par extension quelqu'un sans expérience. Encore un terme religieux mais ici utilisé en amour ou en galanterie. ( " elle avait trop d'esprit pour ne pas voir qu'un novice tel que moi avait besoin non seulement d'être encourage, mais d'être instruit " Les Confessions , Livre II § 69)

o Haut de page

Obligeant : aimable, gentil . ( " les choses obligeantes qu'elle m'avait dites " Les Confessions , Livre II § 29)

Obséder :Entourer d'une surveillance importune. Souligne aussi le dévouement excessif du missionnaire. ( " il me fut impossible de l'accoster tant elle était (...) obsédée par le saint missionnaire " Les Confessions, Livre II § 34, voir aussi § 82)

Officieux : empressé, serviable. ( " douce de coeur, officieuse " Les Confessions , Livre II § 62)

Opprobre : déshonneur, honte. ( " j'ai peut-être fait périr dans l'opprobre et dans la misère une fille aimable " Les Confessions , Livre II § 88)

Orné : embelli par des connaissances, agréable par ses finesses, ses effets de style et l'utilisation de figures de style. Cela témoigne-t-il du souci littéraire de Rousseau ? Pourtant, il soulignera ailleurs comment il est peu apte à briller en société. ["l'esprit assez orné" ( Confessions, livre II § 6) ].

Ostentation : étalage d'une qualité, d'un avantage. (" quoique avec moins d'ostentation " Les Confessions , Livre II § 37)

p Haut de page

Paillardise : action débauchée, grivoise. ( Les Confessions , Livre II § 29)

Papisme : ici, la religion romaine, catholique (" le papisme" , Les Confessions , Livre II , § 52)

Pécule : somme d'argent. Le terme à l'origine désignait l'argent amassé peu à peu par les esclaves à Rome pour acquérir leur liberté. Il garde donc souvent ce sens d'une somme d'argent mise de côté. (" me donna secrétement un petit pécule ", Les Confessions, Livre II § 19)

Pénétré : abstrait : convaincu, car imprégné d'une idée, d'un sentiment. ( " dont je suis tous les jours plus pénétré " Les Confessions, Livre II, § 37)

Pétri de grâces : -sens figuré- plein de grâces

Piété : attachement aux valeurs religieuses et aux pratiques qui leur sont liées. (" elle avait une piété trop solide" Les Confessions, Livre II § 14)

Plénitude : "plénitude expansive" : la plénitude est l'état de ce qui est plein , rempli. Ici, Rousseau se sent comblé par la vie d'une telle manière que cela s'étend à tous ses sens qui semblent décuplés. (" j'étais dans ce court, mais précieux moment de la vie, où sa plénitude expansive étend pour ainsi dire notre être par toutes nos sensations " Les Confessions , Livre II , § 29)

Pratique : rite, observance en matière de culte (" se livra aux menues pratiques de dévotion" , Les Confessions , Livre II , § 13)

Prédicateur : orateur religieux qui met en évidence les préceptes d'une religion et cherche à éclairer un auditoire (" un grand prédicateur " Les Confessions , Livre II § 27)

Prémices : le début. Les prémices étaient anciennement l'offrande faite aux dieux des premiers fruits récoltés, sorte de tribut à leur générosité. ( " je puis dire y avoir goûté dans leurs prémices les plus doux " Les Confessions , Livre II § 65)

Prévenir : -sens figuré - avertir, parler ("craignant que mon abord ne prévînt pas en ma faveur.. Les Confessions, Livre II §7)

Privauté : familiarité, liberté ( " il voulut passer par degrés aux privautés les plus malpropres " Les Confessions , Livre II § 49)

Probité : honnêteté scrupuleuse ( " [mon père] était un homme d'une probité sûre " Les Confessions, Livre II § 22 , voir aussi § 37)

Prosélyte : nouveau converti, au judaïsme, et, par exension, à toute religion, voire à toute nouvelle doctrine. (« rien n'échappa au rapide coup d'oeil du jeune prosélyte » Les Confessions, Livre II, § 8 - Il est tout de même intéressant de noter l'emploi que Rousseau fait d'un terme à l'origine religieux dans un sens galant, alors que dans ce même livre il abordera son expérience au séminaire de Turin et qu'il développera des réflexions sur la religion et l'éducation religieuse.)

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Racoleur : qui cherche à enrôler, souvent par ruse. Le terme, à l'origine renvoie à l'armée - voir d'ailleurs l'allusion au grenadier à propos de M. Sabran auquel est attribué un ton racoleur. Il apparaît donc comme un mélange de prêtre et de soldat (" un ton racoleur " Les Confessions, Livre II, §27)

Ravissement : extase (" j'étais dans un ravissement " Les Confessions, Livre II, § 15)

Rebuter : repousser ( " j'aurais tort de le rebuter " Les Confessions , Livre II § 48)

Rechigné: renfrogné, grognon, ronchon... le sens se comprend aisément à partir de son origine -"rechigner" signifiait "grincer des dents"-. Le terme peut paraître surprenant parce que nous ne l'employons plus sous cette forme d'adjectif mais comme verbe (dans le sens de "rouspéter" -plutôt parce que l'individu concerné se refuse à faire quelque chose-). On notera que Gide utilise le même terme que Rousseau, dans un emploi similaire, comme le souligne Le Petit Robert 1981 ( " Je m'étais figuré une vieille dévote bien rechignée " Les Confessions , Livre II § 8)

Régénérer : purifier et donner une nouvelle virginité par une sorte de renaissance (" qui comme moi s'allaient régénérer " Les Confessions, Livre II § 34)

Rustique : de la campagne, et donc , par extension, sans raffinement, simple. Le terme semble participer des goûts de Rousseau pour les choses simples. Toute la question est de savoir s'il s'agit d'une réalité ou s'il s'agit d'un portrait qu'il fait de lui, prisonnier de l'image qu'il a cherché à donner de la société opposée au bon sauvage. Tout de même, Rousseau semble avoir eu un goût bien réel pour la nature. (" des festins rustiques " Les Confessions , Livre II § 29) ( " un repas rustique " Les Confessions , Livre II § 65)

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Sel : sens figuré : l'intérêt, la valeur ( "le sel de mes chansons" Les Confessions, Livre II § 5)

Sémillant : vif et agréable (" sa sémillante compagne " Les Confessions , Livre II § 28)

Simagrées : manières (" c'était seulement par aversion des simagrées " Les Confessions, Livre II § 13)

Singulier : particulier, différent ( " Il y eut certainement quelque chose de singulier dans mes sentiments pour cette charmante femme" ..." Les Confessions, Livre II § 14)

Sophisme : Argument faux malgré une apparence de vérité [Le Petit Robert, éd. 1981] ( " Le sophisme qui me perdit est celui de la plupart des hommes, qui se plaignent de manquer de force quand il est déjà trop tard pour en user. " Les Confessions , Livre II § 43)

Sourdement : de manière cachée (" elle agissait sourdement sans qu'il s'en aperçut lui-même " , Les Confessions, Livre II § 22)

Station : halte, pause. (" Joignez à tout cela des stations fréquentes et bonnes " Les Confessions , Livre II § 29)

Subjuguer : séduire au point de faire abdiquer toute capacité à réagir ( " Je ne me laissai pourtant pas trop subjuguer à sa mine imposante " Les Confessions , Livre II § 46)

Surplis : vêtement porté par le prêtre sur sa soutane et souvent plissé. (" un prêtre en surplis " Les Confessions , Livre II § 40)

t Haut de page

Talonnait : était sur ses talons, signifie de manière imagée qu'il était pressé par la faim. On pourrait cependant souligner la parenté avec l'expression "avoir l'estomac dans les talons" preuve de la "justesse" de l'expression de Rousseau, qui , en même temps, contourne l'expression. [cette thèse n'est valable que si l'expression "avoir l'estomac dans les talons" est au moins contemporaine de Rousseau ce qu'il me semble]

Teintures : ici ne concerne pas le résultat de l'action de teindre, mais des médicaments à base d'alcool (« elle faisait des élixirs, des teintures », Mme de Warens, Les Confessions, Livre II § 11)

Tempérer : atténuer, modérer (" Mon regret d'arriver si vite à Turin fut tempéré par le plaisir de voir une grande ville " , Les Confessions, Livre II § 30)

Terrasser : à l'origine : mettre à terre (dans la lutte par exemple). Ici, abattre, vaincre de manière imagée ( " il ne m'en fallut pas davantage pour cherchre à les terrasser tout à fait " Les Confessions , Livre II § 44)

Tracassier : qui aime faire de nombreuses difficultés aux gens ("A sa place Mme de Longueville n'eût été qu'une tracassière" Les Confessions, Livre II § 13

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Urbain : habitant des villes

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Viager : destiné à durer pendant la vie d'une personne ( " une pension viagère ", Les Confessions, Livre II, § 25)

Viatique : argent donné à un religieux pour son voyage. Par extension, le terme s'utilise pour l'argent nécessaire à tout voyage. Rousseau semble jouer un peu sur le terme : il n'est pas religieux mais c'est l'évêque qui donne cet argent destiné à le faire entrer dans le catholicisme. (" l'argent destiné pour mon petit viatique " , Les Confessions, Livre II, § 18)

Vindicative : qui a tendance à se venger. Rousseau laisse entendre que Mme Basile se vengera de son mari et donc vengera Jean-Jacques par la même occasion. ( " elle était Italienne, c'est-à-dire sensible et vindicative " Les Confessions , Livre II § 77)

Vénérable : digne de vénération ( " Un vieux prêtre (...) assez vénérable " Les Confessions , Livre II § 45)

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Zèle : "plus de zèle que de diligence" : vive ardeur avec laquelle on sert un dieu, une cause ou une personne. L'expression est ironique en ce qu'elle souligne l'application du missionnaire à prendre soin de sa jeune protégée mais à ne pas se dépêcher parce qu'il y trouve son compte (" [le saint missionnaire] travaillait à sa conversion avec plus de zèle que de diligence " Les Confessions, Livre II § 34)