LETTRES ANGEVINES par Yvon JOSEPH-HENRI


La Chute

d'Albert Camus

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[1.Eléments généraux]

[Bibliographie critique]
[Présentation sommaire ]
[Eléments de biographie]
[Bibliographie]
[La Chute de Camus : éléments d'étude et de réflexion]
[Thèmes généraux : la pauvreté ] [Thèmes particuliers : le théatre / la peinture sociale / la nature / dualité / Amsterdam / la ville / la religion / occurences & répétitions / la fuite / Clamence / l'écriture / récit ]

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[2.Etudes de détail]

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[3. Exercices]

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[index]


Bibliographie Critique

La Chute Camus, par Pierre-Louis Rey, édition Hatier (collection Profil d'une oeuvre)

Camus par Jean-Claude Brisville , édition Gallimard (Pour une bibliothèque idéale)

Camus , Théâtre, récits et nouvelles, édition Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade)

Camus, Essais, édition Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade)


Nota: les références de pages renvoient à l'édition du Livre de Poche

I

Présentation sommaire

La Chute d'Albert Camus est la confession d'un homme qui a été le témoin d'un drame dans lequel il a choisi de ne pas intervenr. Juge-pénitent, il fait seul son procès pour mieux juger les autres. Jean-Baptiste Clamence est d'une lucidité féroce et decouvre dans la solitude l'origine du mal.

Qui est Jean-Baptiste?

Jean-Baptiste est à la fois prophète et martyr.

Il est considéré par les évangélistes comme le dernier prophète (1) de l'Ancien Testament. Baptiseur dans le Jourdain (2) (Jésus se serait fait baptiser par lui) il prêche dans le désert (3) la venue du Messie. Il sera emprisonné (4) pour avoir reproché à Hérode Antipas son union incestueuse avec la femme de son frère, Hérodiade. Salomé, la fille d'Hérode Philippe et d'Hérodiade obtiendra de son oncle qu'il fasse décapiter (5) Jean et que sa tête soit présentée à sa mère Hérodiade.Le Petit Robert des noms propres précise que Saint Jean Baptiste a été représenté "en prophère vêtu de poil de chameau : mosaïques de Ravenne, portails de Vézelay,Chartres, Amiens (...)" (6)

La fête de Jean le Baptiste correspond à sa naissance et non à sa mort.

Jean-Baptiste Clamence clame dans le désert de l'indifférence des hommes.

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(1) Jean-Baptiste Clamence est le prophète d'une ère nouvelle : "Il est trop tard, maintenant, il sera toujours trop tard. Heureusement !" clame-t-il à la fin de La Chute.

(2) De là l'importance de l'eau dans La Chute, mais aussi du baptême ("Nous ne sortirons jamais de ce bénitier immense" . Ch. 5, p.118 (réf. edition Le Livre de Poche)

(3) Jean-Baptiste Clamence, s'appelle Clamence pour souligner qu'il clame (dans le désert ? Moral sans doute mais concrètement, l'humidité de la ville, des canaux, l'absence de soleil, tout cela nous éloigne du véritable désert, tout comme Clamence est un faux Jean-Baptiste)

(4) Le thème de la prison est récurrent dans La Chute (voir ainsi l'allusion au "malconfort", "cette cellule de basse-fosse" dans le chapitre 5 page 118 (réf. edition Le Livre de Poche), ou plus loin "la cellule des crachats")

(5) "Je commençais d'écrire une Ode à la police et une Apothéose du couperet" pp.100-101 (réf. edition Le Livre de Poche)

(6) " Le chameau qui a fourni le poil de mon pardessus souffrait sans doute de la gale" nous dit Clamence au chapitre 1 page 12 (réf. edition Le Livre de Poche)

La construction du roman

Le roman comprend 6 parties (chapitres). Le récit n'est pas chronologique, cependant il y a l'avant et l'après le drame. C'est l'endroit qui devient l'envers à cause d'un rire. Il existe un manichéisme presque systématique dans la construction de ce roman.

Ch.1 . 1er jour : A Mexico-City, un bar d'Amsterdam " sur le Zeedijk (p.12) qui accueille "des marins de toutes les nationalités". Jean-Baptiste Clamence propose ses services à un consommateur français qui ne parle n'arrive pas à se faire comprendre. Il lui apprend qu'il a habité Paris il y a de cela un certain temps,

Ch.2 . 2ème jour . A Mexico-City .La vie parisienne de Clamence avocat.Le rire sur le pont des Arts. Le tableau volé. L'activité de Clamence aux milieux de ce quartier de souteneurs et de voleurs. "Je vous reverrai demain, sans doute. Demain, oui, c'est cela".

Ch.3 . 3ème jour . A Mexico-City, puis promenade dans la ville ("Verriez-vous un inconvénient, mon cher compatriote, à ce que nous sortions pour marcher un peu dans la ville ?" p. 47). Le souvenir de la motocyclette et du "petit homme". Clamence et les femmes. L'épisode du pont Royal : un suicide en novembre ? Séparation de Clamence et de son interlocuteur devant le domicile de l'ancien avocat. Rendez-vous pour le lendemain 11H à Mexico-City pour visiter le Zuydersee.

Ch.4 . 4ème jour . Sur l'île de Marken, sur le Zuydersee. Mise en évidence d'un enfer mou, évocation de la mort, du pari, des contemporains juges hilares ou sournoisement souriants. Une innocent refusée . Le petit Français de Buchenwald. Les limbes : le lieu des anges neutres de Dante, entre Dieu et Satan. Réflexion sur la duplicité de Clamence : mais comment vivre dans le mensonge ? Il faut l'avouer aux autres hommes. Allusion au triptyque volé.

Ch.5 . 4ème jour : Le retour, sur le Zuyderzee. Le soir tombe. Clamence évoque l'absence de repère par opposition à un voyage dans les îles grecques. Clamence et les femmes : l'amour avec une femme instruite par la presse du coeur. L'indifférence étend sa "sclérose" en Clamence lorsque brutalement, lors d'un voyage en mer, à bord d'un transatlantique, il aperçoit "un point noir sur l'Océan couleur de fer". Il s'agit en fait d'un débris, mais Clamence comprend "sans révolte, comme on se résigne à une idée dont on connaît depuis longtemps la vérité, que ce cri qui, des années auparavant, avait retenti sur la Seine, derrière moi, n'avait pas cessé, porté par le fleuve vers les eaux de la Manche, de cheminer dans le monde, à travers l'étendue illimitée de l'Océan, et qu'il m'y avait attendu jusqu'à ce jour où je l'avais rencontré. Je compris aussi qu'il continuerait de m'attendre sur les mers et les fleuves, partout enfin où se trouverait l'eau amère de mon baptême.". Dès lors Clamence comprend qu'il est "coïncé" et il aborde pour son interlocuteur le thème du malconfort. Il faut donc bien déduire de l'existence même du malconfort celle de la culpabilité du prisonnier. Et au fond, est-il besoin d'attendre le Jugement Dernier ? Le jugement des hommes y pourvoie, d'autant que le seul rôle de Dieu n'a été que de garantir l'innocence. Or, même le Christ remet en cause la notion d'innocence : au fond de lui, Jésus devait se savoir coupable; il devait savoir que l'on fait toujours des fautes même si on ne s'en souvient plus. Pouvait-il ne pas se sentir concerné par le massacre des innocents ? Pour ne pas rester seul à vivre avec ce poids, Jésus a donc préféré mourir : mais il a été trahi à son tour, signe de l'ambiguïté du monde...Mais le jugement des hommes reste effréné et d'autant moins supportable qu'il se fait sans loi : c'est l'avènement d'un monde des juges.

Ch.6 . 5ème jour : Clamence reçoit son interlocuteur chez lui, couché. Il a de la fièvre qu'il soigne au genièvre. Il lui dévoile le tableau volé qui représente les juges intégres en considérant que si son interlocuteur est un policier, il l'enfermera et le fera passer en jugement en en faisant un martyr de la nouvelle foi. Comme il semble que son interlocuteur ne soit pas un policier chargé de l'arrêter, Clamence lui confie sa dernière faute, son dernier crime : il a bu l'eau d'un camarade prisonnier comme lui et qui était à l'article de la mort. Et il a bu cette eau alors que tous ses compagnons, en lui faisant confiance, l'avait nommé pape, chargé de la gestion de l'eau pour eux tous. Il a donc trahi la confiance que les autres avaient en lui.

Le thème géneral

C'est évidemment la chute, la chute d'un ego, la chute d'Icare, la chute de l'homme suivant les principes divins, dans la mesure où cela est présenté comme tel. Mais Clamence présente-t-il son aventure comme une chute pour convaincre son interlocuteur qu'il n'y a pas de bonheur possible, pas d'espoir possible dans la vie. Ce n'est donc pas la chute de l'homme au sens d'Icare qui a voulu s'approcher de la lumière, de l'interdit : c'est dire clairement qu'il n'y a pas de lumière accessible pour l'homme

Clamence se croyait réalisé, en haut, il croyait être arrivé et il se découvre bas, il se découvre tel qu'il est vraiment. Plus il avance dans son analyse de la morale et plus sa santé se dégrade. Tout laisse cependant penser qu'il triche pour amener son interlocuteur à le laisser séduire et , à son tour, à commencer sa confession. Clamence est donc un homme de théâtre !

 

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II

Camus: éléments de biographie

Camus est né en 1913, en Algérie et il est mort en 1960 en France largement reconnu puisqu'il venait d'obtenir le Prix Nobel en 1957. Il s'occupait alors de théâtre après avoir mené une vie bien remplie bien que tragiquement interrompue en pleine force de l'âge.

La vie de Camus est sans doute d'abord marquée par la pauvreté qu'il évoque dans Le Premier Homme, le dernier ouvrage paru de lui à partir d'un manuscrit inachevé.Ensuite on trouve l'importance de la guerre qui lui a enlevé son père, et qu'il découvre en France lors de la Seconde Guerre Mondiale . Il semble bien en retirer son refus de la mort. De l'Algérie, il gardera l'image (et l'amour) du soleil, de la mer et des bains de mer, du sport et particulièrement du football. Philosophe, il réfléchira aux rapports de la pensée chrétienne et de la philosophie antique, deviendra un des tenants de l'existentialisme avec Sartre dont il s'éloignera.

1913 naissance d'Albert Camus à Mondovi (département de Constantine, en Algérie)

1918-1923 : école communale

1924-1930 : lycée d'Alger

1933 : premier mariage qui durera un an

1936 : diplôme d'étude supérieur sur les rapports de l'hellénisme et du christianisme à travers Plotin et Saint Augustin

1938 : journaliste à Alger-Républicain

1940 : remariage. Départ pour la France

1942 : entre dans le mouvement de résistance «Combat»

21 août 1944 : premier numéro de Combat dont Camus est rédacteur en chef

1947 : Camus quitte Combat .

1951 : rompt avec Sartre

1952 : démission de l'Unesco

1955 : Voyage en Grèce

1956 : Voyage en Algérie

1957 : Prix Nobel de Littérature pour son oeuvre qui « met en lumière les problèmes se posant de nos jours à la conscience des hommes»

1960 : mort dans un accident de voiture.


III

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

 

1937 : L'envers et l'endroit (essai)

1939 : Noces (essai)

1942 : L'Etranger (roman) , Le Mythe de Sisyphe (essai)

1944 : Calligula (théâtre), Le malentendu (théâtre)

1947 : La Peste (roman)

1948 : L'Etat de siège (théâtre)

1950 : Les Justes (théâtre)

1951 : L'homme révolté (essai)

1954 : L'Eté (essais) , la femme adultère (nouvelle)

1956 : La Chute (récit)

1957 : L'exil et le royaume (nouvelles)


IV

La Chute de Camus : éléments d'étude et de réflexion

THEMES GENERAUX

  • Camus et la pauvreté (préface de l'Envers et l'Endroit , édition de la Pléiade pp 6-7)

Pour moi, je sais que ma source est dans l'Envers et l'Endroit, dans ce monde de pauvreté et de lumière où j'ai longtemps vécu et dont le souvenir me préserve encore des deux dangers contraires qui menacent tout artiste, le ressentiment et la satisfaction.

La pauvreté, d'abord, n'a jamais été un malheur pour moi : la lumière y répandait ses richesses. Même mes révoltes en ont été éclairées. Elles furent presque toujours, je crois pouvoir le dire sans tricher, des révoltes pour tous, et pour que la vie de tous soit élevée dans la lumière. Il n'est pas sûr que mon coeur fût naturellement disposé à cette sorte d'amour. Mais les circonstances m'ont aidé. Pour corriger une indifférence naturelle, je fus placé à mi-distance de la misère et du soleil. La misère m'empêcha de croire que tout est bien sous le soleil et dans l'histoire; le soleil m'apprit que l'histoire n'est pas tout. Changer la vie, oui, mais non le monde dont je faisais ma divinité. C'est ainsi, sans doute, que j'abordai cette carrière inconfortable où je suis, m'engageant avec innocence sur un fil d'équilibre où j'avance péniblement, sans être sûr d'atteindre le but. Autrement dit, je devins un artiste, s'il est vrai qu'il n'est pas d'art sans refus ni sans consentement.

Dans tous les cas, la belle chaleur qui régnait sur mon enfance m'a privé de tout ressentiment. Je vivais dans la gêne, mais aussi dans une sorte de jouissance. Je me sentais des forces infinies : il fallait seulement leur trouver un point d'application. Ce n'était pas la pauvreté qui faisait obstacle à ces forces : en Afrique, la mer et le soleil ne coûtent rien. L'obstacle était plutôt dans les préjugés ou la bêtise. J'avais là toutes les occasins de développer une «castillanerie» qui m'a fait bien du tort, que raille avec raison mon ami et mon maître Jean Grenier, et que j'ai essayé en vain de corriger, jusqu'au moment où j'ai compris qu'il y avait aussi une fatalité des natures. Il valait mieux alors accepter son propre orgueil et tâcher de le faire servir plutôt que de se donner, comme dit Chamfort, des principes plus forts que son caractère. Mais, après m'être interrogé, je puis témoigner que, parmi mes nombreuses faiblesses, n'a jamais figuré le défaut le plus répandu parmi nous, je veux dire l'envie, véritable cancer des sociétés et des doctrines.

Le mérite de cette heureuse immunité ne me revient pas. Je la dois aux miens, d'abord, qui manquaient de presque tout et n'enviaient à peu près rien. Par son seul silence, sa réserve, sa fierté naturelle et sobre, cette famille, qui ne savait même pas lire, m'a donné alors mes plus hautes leçons, qui durent toujours. Et puis, j'étais moi-même trop occupé à sentir pour rêver d'autre chose. Encore maintenant, quand je vois la vie d'une grande fortune à Paris, il y a de la compassion dans l'éloignement qu'elle m'inspire souvent. On trouve dans le monde beaucoup d'injustices, mais il en est une dont on ne parle jamais, qui est celle de climat. De cette injustice-là, j'ai été longtemps, sans le savoir, un des profiteurs. J'entends d'ici les accusations de nos féroces philanthropes, s'ils me lisaient. Je veux faire passer les ouvriers pour riches et les bourgeoix pour pauvres, afin de conserver plus longtemps l'heureuse servitude des uns et la puissance des autres. Non, ce n'est pas cela. Au contraire, lorsque la pauvreté se conjugue avec cette vie sans ciel ni espoir qu'en arrivant à l'âge d'homme j'ai découverte dans les horribles faubourgs de nos villes, alors l'injustice dernière, et la plus révoltante, est consommée : il faut tout faire, en effet, pour que ces hommes échappent à la double humiliation de la misère et de la laideur. Né pauvre, dans un quartier ouvrier, je ne savais pourtant pas ce qu'était le vrai malheur avant de connaître nos banlieues froides. Même l'extrême misère arabe ne s'y peut comparer, sous la différence des ciels. Mais une fois qu'on a connu les faubourgs industriels, on se sent à jamais souillé, je crois, et responsable de leur existence.

On pourra aussi se souvenir que l'univers de Meursault, dans l'Etranger, celui de Joseph Grand dans La Peste [dont le narrateur dira que s'il fallait un héros à cette chronique ce devrait être lui, ce modeste employé de bureau] sont des univers modestes, voire étriqués. A l'opposé, si le manteau de Clamence est élimé, l'univers parisien de Clamence et d'ailleurs celui de son interlocuteur, sont aisés. Mais ces bourgeois lettrés sont mis en accusation par Camus.

THEMES PARTICULIERS

LE THEATRE

- page 8 : "Paris est un vrai trompe-l'oeil, un superbe décor habité par quatre millions de silhouettes".

- page 16 : les Hollandais qui rêvent de Java (évocation d'un décor en trompe-l'oeil)

- page 29 chapitre 2 : comparaison tribunal / théâtre

"Je n'étais concerné par aucun jugement, je ne me trouvais pas sur la scène du tribunal, mais quelque part, dans les cintres, comme ces dieux que, de temps en temps, on descend, au moyen d'une machine, pour transfigurer l'action et lui donner son sens"

[= le deus ex machina ; tout ce passage évoque le monde du théâtre avec la scène d'une part, les cintres au-dessus de la scène et la machine qui permet et de mouvoir le décor et de faire des apparaition comme le "dieu sorti de la machine" qui surgit sur la scène comme par enchantement]

- page 95 ch.4 : évocation du théâtre que pratiquait Clamence au régimen, du sport , "seuls endroits du monde où je me sente innocent" du fait qu'ils ont tous les deux une règle du jeu peu sérieuse mais que l'on s'amuse à prendre pour telle.

- page 110 ch.5 : "plus de jeu, plus de théâtre" (...)

- La mise en scène du récit :

  • Ch. 1 : le pont
  • Ch. 2 "J'ai plané jusqu'au soir où..." p.34
  • Ch. 2 : le rire pp. 42-43
  • Ch. 4 : "Je suis un des rares, au contraire à pouvoir vous monter ce qu'il y a d'important ici". p. 78
  • Ch.4 : " Du reste, je risque maintenant de vous intéresser vraiment. Avant de m'expliquer sur les juges-pénitents, j'ai à vous parler de la débauche et du malconfort" p.104
  • Ch. 5 : "Vous vous trompez, cher, le bateau file à bonne allure. Mais le Zuyderzee est une mer morte, ou presque. Avec ses bords plats, perdus dans la brume, on ne sait où elle commence, où elle finit. Alors, nous marchons sans aucun repère, nous ne pouvons évaluer notre vitesse. Nous avançons, et rien ne change. Ce n'est pas de la navigation, mais du rêve." p. 105
  • Ch. 5 : "Eh ! là , je dérive, moi aussi, je deviens lyrique ! Arrêtez-moi, cher, je vous en prie." p. 106
  • Ch. 5 : " partout enfin où se trouverait l'eau amère de mon baptême.Ici encore, dites-moi, ne sommes-nous pas sur l'eau ? " p.116

- la comédie humaine :

  • "Un mort sous presse, et le spectacle commence enfin ", "Ils ont besoin de la tragédie" Ch. 2 page 38
  • "Ensuite, j'ai fait une visite à la concierge, pour recevoir ses remerciements de tragédienne" Ch. 2 page 40
  • " Je n'ai vraiment été sincère et enthousiaste qu'au temps où je faisais du sport,et, au régiment, quand je jouais dans les pièces que nous représentions pour notre plaisir" ch.4 page 95
  • "C'est à qui crachera le premier" p.121 ch. 5 (le jugement)

 - le décor :

  • la pluie au chapitre 3 qui permet de se retirer sous un porche en s'arrêtant, oblige à s'asseoir sur un banc et qui, lorsqu'elle cesse fait Clamence demander à son interlocuteur de le reconduire chez lui.
  • ch.3 toujours, le décor dans le récit du suicide auquel il pense avoir assisté en traversant le pont Royal : "novembre" / "une heure après minuit " / "une petite pluie tombait" / elle "dispersait les rares passants"
  • ch. 4 les maisons de l'île de Marken, sur le Zuydersee évoquent un "village de poupée".
  • ch. 4 "le jour s'achève" p.104
  • ch. 4 "Voyez,les colombes se rassemblent là-haut, elles remuent à peine, et la lumière baisse" p.104 [les colombes ne cherchent-elles pas à symboliser Clamence et son interlocuteur qui se rapprochent l'un de l'autre ? Pensons aussi à l'importance théâtrale de la lumière pour préparer la confession.]
  • ch.5 " ce cri qui, des années auparavant, avait retenti sur la Seine, derrière moi, n'avait pas cessé, porté par le fleuve vers les eaux de la Manche, de cheminer dans le monde, à travers l'étendue illimitée de l'Océan, et qu'il m'y avait attendu jusqu'à ce jour où je l'avais rencontré. Je compris aussi qu'il continuerait de m'attendre sur les mers et les fleuves, partout enfin où se trouverait l'eau amère de mon baptême.Ici encore, dites-moi, ne sommes-nous pas sur l'eau ? Sur l'eau plate, montone, interminable, qui cofond ses limites à celles de la terrre ? Comment croire que nous allons arriver à Amsterdam ? Nous ne sortirons jamais de ce bénitier immense. Ecoutez ! N'entendez-vous pas les cris de goélands invisibles ? S'ils crient vers nous, à quoi donc nous appellent-ils ?" p.115

LA PEINTURE SOCIALE :

  • Les Hollandais (page 9 : "ces messieurs-ci vivent du travail de ces dames-là" (...) "Ceci dit, je les trouve plus moraux que les autres, ceux qui tuent en famille, à l'usure".)
  • L'administration et les méthodes systématiques des nazis (ch.1)
  • les rapports de Meursault avec les autres.
  • La concierge et son mari, puis avec son compagnon qui la bat
  • les honnêtes gens / aux brigands : qui est coupable, qui doit être condamné (ch.2)
  • les moeurs en Grèce p. 106 ("les amis se promènent dans la rue, deux par deux, en se tenant la main...")
  • la presse du coeur p.108

 

LA NATURE :

Le gorille de Mexico-City
Les cygnes p.16
Les singes des maisons ( "comme des singes somptueux" p.17)
les minuscules poissons des rivières brésiliennes
les sauterelles, "ces orthoptères" p. 21
l'ours brun p. 44
les colombes p.79 et 104
l'agneau p.104
le serpent p.109
le perroquet p.109

LA DUALITE :

  • Clamence : Avant/Maintenant [ "Si vous voulez le savoir, j'étais avocat avant de venir ici. Maintenant, je suis juge-pénitent". pp.10-11]
  • Jean/Baptiste
  • Juge/pénitent
  • " Je sui renseigné, moi aussi, et pourtant, je me confie à vous" p.12
  • "Enfin, malgré mes bonnes manières et mon beau langage, je suis un habitué des bars à matelots du Zeedijk" Ch.1 p. 12
  • "Mon métier est double, voilà tout, comme la créature" Ch.1 p. 12
  • "J'aime ce peuple (...) Je l'aime, car il est double." Ch.1 p.15
  • ch.2 page 38 : "l'homme est ainsi, cher monsieur, il a deux faces : il ne peut aimer sans s'aimer".
  • ch 2 page 44 : "Mon image souriait dans la glace, mais il me sembla que mon sourire était double.."
  • ch.3 page 48 : la maison aux deux têtes d'esclaves
  • ch. 3page 49 : "Je sais bien qu'on ne peut se passer de dominer ou d'être servi".
  • ch. 5 page 105 : l'opposition entre l'immobilité apparente du voyage sur le Zuyderzee et l'impression de mouvement intense dans l'archipel grec.

AMSTERDAM: une ville initiatique, un décor à la fonction théâtrale selon Camus.

  • Mexico-City sur le Zeedijk : un bar au coeur d'Amsterdam ("Car nous sommes au coeur des choses" page 17), grâce à un réseau de canaux concentriques. Ces canaux symbolisent les cercles de l'enfer selon Dante (" Quand on arrive de l'extérieur, à mesure qu'on passe ces cercles, la vie, et donc ses crimes, devient plus épaisse, plus obscure.Ici, nous sommes dans le dernier cercle"page 17). Mexico-City est un lieu où échouent inévitablement les visiteurs étrangers et où Clamence, comme une araignée au fond de sa toile, les guette ("En tout cas, les lecteurs de journaux et les fornicateurs ne peuvent aller plus loin. Ils viennent de tous les coins de l'Europe et s'arrêtent autour de la mer intérieure, sur la grève décolorée. Ils écoutent les sirènes, cherchent en vain la silhouette des bateaux dans la brume, puis repassent les canaux et s'en retournent à travers la pluie. Transis, ils viennent demander, en toutes langues, du genièvre à Mexico-City. Là, je les attends.
  • Mexico-City est le lieu où Clamence retrouve son interlocuteur le deuxième jour.
  • Un plan fourni par Clamence dès le premier jour : Mexico-City se trouve entre l'hotel de l'interlocuteur de Clamence et le quartier juif qu'habite Clamence, comme un pont en quelque sorte.
    "Verriez-vous un inconvénient, ce serait plus simple, à ce que je vous accompagne jusqu'au port ? De là, en contournant le quartier juif, vous trouverez ces belles avenues où défilent des tramways chargés de fleurs et de musiques tonitruantes. Votre hôtel est sur l'une d'elles, le Damrak. (...) Moi, j'habite le quartier juif" p.13 ch 1
  • "J'aime ce peuple,grouillant sur les trottoirs, coincé dans un petit espace de maisons et d'eaux, cerné par des brumes, des terres froides, et la mer fumante comme une lessive.Je l'aime, car il est double. Il est ici et il est ailleurs." p.15 ch 1
  • Les enseignes, le néon, les bicyclettes p.16
  • Un peuple de marchands, de peintres (La leçon d'anatomie) ch.1 p.15-16
  • les vitrines : l'amour vénal p.18 ch.1
  • "Je vous quitte près de ce pont" p.18 ch.1
  • Promenade dans la ville au chapitre 3 :
    • remarques sur "le souffle des eaux moisies, l'odeur des feuilles mortes qui macèrent dans le canal et celle, funèbre, qui monte des péniches pleines de fleurs" p.47
    • mise en évidence de la maison aux deux têtes d'esclaves p. 48 => un moyen d'introduire le rapport domination/esclavage
    • "Tiens, la pluie tombe de nouveau. Arrêtons-nous, voulez-vous, sous ce porche." p.59. ch 3
    • "Tiens, la pluie a cessé ! Ayez la bonté de me raccompagner chez moi" p.75
    • "Mais nous sommes arrivés, voici ma maison, mon abri ! " p.77
    • "Je vous mènerai volontiers à l'île de Marken, vous verrez le Zuydersee. Rendez-vous à onze heures à Mexico-City." p.77 ch.3
  • L'île de Marken et le Zuydersee ch. 4 : Un village de poupée. " Le plus beau des paysages négatifs " p.78
    • "tout le monde peut vous faire admirer des coiffes, des sabots, et des maisons décorées où des pêcheus fument du tabac dans l'odeur de l'encaustique. Je suis un des rares, au contraire, à pouvoir vous montrer ce qu'il y a d'important ici. p.78 ch .4
    • Nous atteignons la digue. Il faut la suivre pour être aussi loin que possible de ces trop gracieuses maisons.Asseyons-nous (...) Voilà, n'est-ce pas, le plus beau des paysages négatif ! Voyez, à notre gauche, ce tas de cendres qu'on appelle ici une dune, la digue grise à notre droite, la grève livide à nos pieds et, devant nous, la mer couleur de lessive faible, (...) p.78-79 ch.4
    • l'effacement universel
    • les colombes attendent là-haut.
    • les colombes se rassemblent là-haut p.104
  • Le retour de la "promenade en bateau" et l'arrivée devant la porte de Clamence à la fin du chapitre 5
  • Chapitre 6: description d'Amsterdam sous la neige .
    • "Amsterdam endormie dans la nuit blanche, les canaux de jade sombre sous les ponts neigeux, les rues désertes, mes pas étouffés, ce sera la pureté, fugitive, avant la boue de demain.
 
LA VILLE
S'interroger sur la ville dans la Chute paraît une évidence tant la ville est omniprésente tout au long de ces pages.
La ville en effet est double elle-même dans la mesure où Clamence joue sur deux tableaux, celui de Paris et celui d'Amsterdam.
 
Bien sûr on remarquera que les deux villes évoque dans le souvenir de Clamence des temps différents et des états différents. Paris, c'est la ville de son passé -mais pas exclusivement-, Amsterdam c'est la ville de son présent. D'aucun diront que Paris c'est la ville de sa grandeur, de son élévation, tandis qu'Amsterdam est la ville de la Chute .Paris est la ville des embouteillages, des feux, des conducteurs irascibles, Amsterdam, la ville des cyclistes songeurs, la tête dans les nuages, à tourner en rond.
 
Et pourtant, la contradiction n'est pas entière. Comme dans d'autres domaines , Clamence joue sur l'ambiguïté. D'abord, Paris et Amsterdam se ressemblent malgré l'opposition construite au début par Clamence. "Sous le pont Mirabeau coule la Seine Paris"..., Paris,c'est la ville de la Seine et des Ponts. [L'allusion au vers d'Apollinaire n'est pas totalement gratuite dans la mesure aussi où pour Apollinaire Paris, comme pour Clamence va se révéler la ville de la désillusion en matière d'amour. Amsterdam, c'est la ville de la solitude et de l'amour qui s'achète. Et si Paris est principalement définie par ses ponts : le pont des Arts, le pont Royal et la Seine parce que s'il y a des ponts c'est qu'il y a la Seine. Or, le pont est mis en évidence dès le chapitre I, lorsque Clamence raccompagne son interlocuteur mais se refuse à franchir un pont, surtout la nuit. Ainsi commence un jeu de double entre Paris et Amsterdam, entre le récit de Clamence et la réalité d'Amsterdam.
 
Ainsi, Amsterdam est présentée comme une ville double.
 
Clamence tout en soulignant la dimension réelle, touristique d'Amsterdam:
  • "tout le monde peut vous faire admirer des coiffes, des sabots, et des maisons décorées où des pêcheus fument du tabac dans l'odeur de l'encaustique. Je suis un des rares, au contraire, à pouvoir vous montrer ce qu'il y a d'important ici. p.78 ch .4
 
en en brossant le portrait comme en filigranne
 
  • les sabots, les pêcheurs, les harengs, la peinture, les vélos noirs à haut guidon, le passé colonial de la ville et du pays tout entier, l'île de Marken, le Zuydersee, le néon des enseignes , les vitrines des lieux de prostitution,la digue, la grisaille,
 
s'efforce de faire surgir un autre Amsterdam, en tout point semblable à Paris .
 
C'est d'abord la notion d'errance . Une errance évoquée dès le premier chapitre par Clamence :
 
"Ils viennent de tous les coins de l'Europe et s'arrêtent autour de la mer intérieure, sur la grève décolorée. Ils écoutent les sirènes, cherchent en vain la silhouette des bateaux dans la brume, puis repassent les canaux et s'en retournent à travers la pluie" ch.1
 
Puis renouvelée à propos de Paris chapitre 5 "J'errais alors dans les rues. Ils errent aussi, maintenant, je le sais ! Ils errent, faisant semblant de se hâter vers la femme lasse, la maison sévère...Ah! mon ami, savez-vous ce qu'est la créature solitaire, errant dans les grandes villes ?"
 
Oui encore à propos des gens d'Amsterdam plongés dans un songe "plus fumeux le jour, plus doré la nuit" et dont les "dieux grimaçants de l'Indonésie (..) errent en ce moment au-dessus de nous".
 
Enfin, cette errance semble être celle même de Clamence et de son interlocuteur dans une promenade au hasard en apparence dans Amsterdam:
 
Chapitre 3 "Verriez-vous un inconvénient, mon cher compatriote, à ce que nous sortions pour marcher un peu dans la ville" p.47
 
Amsterdam, véritable labyrinthe, avec ses canaux concentriques , dans laquelle Clamence définit comme le coeur des choses avec deux centres (Mexico City et la demeure de Clamence) :
 
Chapitre 1 " car nous sommes au coeur des choses. (...) Quand on arrive de l'extérieur, à mesure qu'on passe ces cercles, la vie, et donc ses crimes, devient plus épaisse, plus obscure".
 
Car, Amsterdam, est à la fois une réalité et un symbole. Lorsque Clamence promène son personnage, on a l'impression qu'il "le mène en bateau", et pas seulement sur le Zuydersee, puisqu'il le conduit au coeur de sa confession, à l'aveu de son premier crime, à l'aveu de ce qu'il est , à l'aveu de ce qu'il fait. Et , symboliquement, Clamence annonçant la neige, souligne qu'elle va effacer ses pas (ch.6), comme si son personnage ne pourra plus retrouver son chemin, comme si le chemin moral de Clamence l'a définitivement enfermé dans ce cercle de la déchéance vis à vis de soi.
 
Bien entendu, on ne saurait clore l'étude de la ville dans elle est complexe et se ramifie dans toutes les directions. On pourra par contre faire remarquer que la ville ainsi définie est le contraire de ce à quoi Camus a aspiré toute sa vie : la ville est une lieu de perdition alors que la mer, le soleil ont été les éléments qui ont sauvé en quelque sorte Camus enfant de la détresse morale. Cette solitude des ville, est tout le contraire de la solidarité camusienne. Mais il est intéressant de noter que c'est sur un aveu d'une scène dans le désert de Libye que termine Clamence, comme si la sécheresse du désert est semblable à la sécheresse morale de la ville.
 
La ville est donc le symbole de la Sodome et Gomorrhe de la légende, et de la Bible.

LA RELIGION :

Elle est omniprésente .

  • Le singe => l'arbre ? la tentation ?
  • "Je m'expliquais sans peine que les sermons, les prédications décisives, les miracles de feu se fissent sur des hauteurs accessibles" ch.2 page 28 (édition Le Livre de Poche)
  • " Je me sentais, j'hésite à l'avouer, désigné " ; "C'est pourquoi, vivant heureux, je me sentais, d'une certaine manière, autorisé à ce bonheur par quelque décret supérieur " ch. 2 p. 33
  • L'enfer
    • ch. 3 page 51 une définition de l'enfer dans un classement définitif ("des rues à enseignes et pas moyen de s'expliquer")
    • ch 4 page 79 : "Un enfer mou"
  • Evocation de Dante, de ses limbes, lieu neutre "dans la querelle entre Dieu et Satan".
  • La confession : "on ne pouvait mourir sans avoir avoué tous ses mensonges. Non pas à Dieu, ni à un de ses représentants, j'étais au-dessu de ça, vous le pensez bien.Non, il s'agissait de l'avouer aux hommes.."
  • Evocation de l'agneau ("il ne suffit pas de s'accuser pour s'innocenter, ou sinon je serais un pur agneau"p.104)
  • le serpent p.109
  • l'espoir / le désespoir :
    • "A un certain degré d'ivresse lucide, couché, tard dans la nuit, entre deux filles, et vidé de tout désir, l'espoir n'est plus une torture, voyez-vous, l'esprit règne sur tous les temps, la douleur de vivre est à jamais révolue".ch. 5 p.110
  • l'immortalité :
    • "Dans un sens, j'avais toujours vécu dans la débauche, n'ayant jamais cessé de vouloir être immortel" . ch. 5 p.110
  • Baptême, bénitier : ch. 5 pp 117-118, un blanchissage ( "Alors, la seule utilité de Dieu serait de garantir l'innocence et je verrais plutôt la religion comme une grande entreprise de blanchissage, ce qu'elle a été d'ailleurs, mais brièvement, pendant trois ans tout juste, et elle ne s'appelait pas religion. Depuis le savon manque, nous avons le nez sale et nous nous mouchons mutuellement" ch.5 p.120
  • La vocation, l'élection :
    •  

OCCURENCES et REPETITIONS

  • le thème du double :
    • celui de Clamence
    • celui de ses deux vies (parisienne et ensuite à Amsterdam)
    • la dualité des Hollandais
    • la dualité du rêve ( après avoir parlé de la Hollande qui est un songe, Clamence évoque les rêves fous de Cipango, de "l'enfer bourgeois, naturellement peuplé de mauvais rêves". Or qu'est-ce qu'un mauvais rêve, sinon un cauchemar ? A la fin du chapitre I Clamence répondra à son interlocuteur sur les prostituées dans les vitrines en évoquant "le rêve à peu de frais" )
  • le mot lessive et ceux de la même famille
    • "Quel lessivage!" p.13
    • "la mer fumante comme un lessive" p.15
    • "Nous, la crasse nous guinde.Avant de nous présenter dans les îles grecques, il faudrait nous laver longuement." p.106
  • le nettoyage :
    • "c'est le nettoyage par le vide" p. 13
  • le nazisme (ch. I : le nettoyage du quartier juif p.13, l'officier allemand qui demande à une vieille femme de choisir le fils qui serait fusillé comme otage p.14
  • le malconfort : "ce peuple (...) coincé dans un petit espace de maisons et d'eaux, cerné par des brumes, des terres froides, et la mer fumante comme une lessive" p.15
  • fièvre et folie :
    • "ces îles où les hommes meurent fous et heureux".
    • "et les îles dérivent, démentes" p.19
  • le rire :
    • ch.3 p.71 "je me mis encore à rire. Mais c'était d'un autre rire, assez semblable à celui que j'avais entendu sur le ponts des Arts.

LA FUITE

  • P. 20, Ch 2 : "Bien entendu, je ne vous ai pas dit mon vrai nom"
  • la fuite de Clamence devant l'impossible immortalité ("il faut bien se procurer des succédanés de cette immortalité" ch.5 p.111)

CLAMENCE

  • Son besoin de sympathie qu'il oppose, chapitre 2, page 35 au besoin de secours, aux amis auxquels il faut faire face. Pourquoi ?
  • Son sytème :
    • ch. 2 page 45 il précise : "Et puis j'ai réglé quelques cas difficiles, par intérêt d'abord, par conviction ensuite. Si les souteneurs et les voleurs étaient toujours et partout condamnés, les honnêtes gens se croiraient tous et sans cesse innocents, cher monsieur. Et selon moi -voilà, voilà, je viens !- c'est surtout cela qu'il faut éviter.
    • son égoïsme ("en somme, pour que je vive heureux, il fallait que les êtres que j'élisais ne vécussent point." p.74 ch.3)
    • son besoin de domination (épisode de la femme p.70 qu'il abandonne lorsqu'elle rend hommage "à ce qui l'asservissait")
    • le piège des mots : "vous ne comprenez pas ce que je veux dire ? Je vous avouerai ma fatigue. Je perds le fil de mes discours, je n'ai plus cette clarté d'esprit à laquelle mes amis se plaisaient à rendre hommage. Je dis mes amis, d'ailleurs, pour le principe. Je n'ai plus d'amis, je n'ai que des complices. En revanche, leur nombre a augmenté, ils sont le genre humain." p.80
    • l'innocence au seul théâtre et au seul sport
    • la peur de mourir sans avoir avoué ses mensonges...."Non pas à Dieu, ni à un de ses représentants, j'étais au-dessus de çà, vous le pensez bien. Non , il s'agissait de l'avouer aux hommes".......afin d'éviter que ce mensonge ne devienne définitif >>>Clamence obsédé par l'innocence ou l'absolution ? (voir le théme obsédant de l'eau, de la lessive, du linge sale qu'on lave en famille)
    • Ses quêtes en amour: " Désespérant de l'amour et de la chasteté, je m'avisai enfin qu'il restait la débauche qui remplace très bien l'amour, fait taire les rires, ramène le silence, et, surtout, confère l'immortalité." p. 110 ch 5
  • Autoportrait :
    • un physique de joueur de rugby, mais une conversation raffinée
    • "Après tout, c'est bien là ce que je suis, réfugié dans un désert de pierres, de brumes et d'eaux pourries, prophète vide pour temps médiocres, Elie sans messie, bourré de fièvre et d'alcool, le dos collé à cette porte moisie, le doigt levé vers un ciel bas, couvrant d'imprécations des hommes sans loi qui ne peuvent supporter aucun jugement."p. 127ch 5

ECRITURE

  • L'antithèse :
    • "Vivent donc les enterrements !" p.42 ch. 2
    • " pour que je vive heureux, il fallait que les êtres que j'élisais ne vécussent point" p.74 ch.3
    • "Voulez-vous que nous nous taisions pour savourer cette heure assez sinistre ?" p.104 ch 4
  • Aphorisme :
    • "Le mariage bourgeois a mis notre pays en pantoufles, et bientôt aux portes de la mort." p. 115 ch. 4
  • Maximes et proverbes :
    • "Quand le corps est triste, le coeur languit" p. 47 ch 3
    • " Pour que la statue soit nue, les beaux discours doivent s'envoler" p.75 ch.3
  • Euphémisme :
    • "elle rendit hommage à voix haute à ce qui l'asservissait" p. 70 ch 3
  • Comparaison :
    • "irrigué par un sang doux comme la pluie qui tombait" p.76 ch.3
  • Métaphore :
    • "Le silence suivit, dans la nuit soudain figée" p.76 ch.3
    • "A l'époque, je n'avais pas trouvé la recette" p. 98 ch. 4
  • Métaphore filée : le baptême, le bénitier et l'eau
    • " ce cri qui, des années auparavant, avait retenti sur la Seine, derrière moi, n'avait pas cessé, porté par le fleuve vers les eaux de la Manche, de cheminer dans le monde, à travers l'étendue illimitée de l'Océan, et qu'il m'y avait attendu jusqu'à ce jour où je l'avais rencontré. Je compris aussi qu'il continuerait de m'attendre sur les mers et les fleuves, partout enfin où se trouverait l'eau amère de mon baptême.Ici encore, dites-moi, ne sommes-nous pas sur l'eau ? Sur l'eau plate, montone, interminable, qui cofond ses limites à celles de la terrre ? Comment croire que nous allons arriver à Amsterdam ? Nous ne sortirons jamais de ce bénitier immense. pp 117-118
    • L'eau amère = l'eau a-mer ? (voir juste au-dessus)
  • un champ lexical
    • de l'eau à la fin du chapitre 4
      • "le rire a continué à flotter autour de moi"
      • "la mer monte"
      • "notre bateau ne va pas tarder à partir"
  • un oxymore :
    • "ivresse lucide" p.110
  • une périphrase :
    • un arracheur de dents

CONSTRUCTION DU RECIT

  • Préparation de la confession de l'interlocuteur
    • Ch.3 p.70-71 : " Je conviendrai avec vous, malgré votre courtois silence, que cette aventure n'est pas très reluisante. Songez pourtant à votre vie, mon cher compatriote ! Creusez votre mémoire, peut-être y trouverez-vous quelque histoire semblable que vous me conterez plus tard.
  • Ch.3 : préparation de la venue de l'interlocuteur de Clamence qui le conduit une première fois jusque chez lui.
  • Chute : à la fin du chapitre 3 Clamence quitte son interlocuteur sur l'aveu vertigineux mais en le laissant sur une impression de mystère.
  • Ch. 4 page 98 : évocation du tableau volé. ("Je suis le seul à connaître ce que tout le monde cherche et que j'ai chez moi un objet qui a fait courir en vain trois polices")

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