LETTRES ANGEVINES par Yvon
JOSEPH-HENRI
La Chute
d'Albert Camus
- ***********
[1.Eléments
généraux]
- [Bibliographie
critique]
- [Présentation
sommaire ]
- [Eléments de
biographie]
- [Bibliographie]
- [La Chute de Camus :
éléments d'étude et de
réflexion]
- [Thèmes
généraux
: la
pauvreté ]
[Thèmes
particuliers : le
théatre / la peinture
sociale / la nature / dualité / Amsterdam / la ville / la religion / occurences &
répétitions /
la
fuite / Clamence / l'écriture / récit ]
****
[2.Etudes de
détail]
****
[3. Exercices]
****
[index]
Bibliographie Critique
La
Chute Camus, par Pierre-Louis Rey,
édition Hatier (collection Profil d'une oeuvre)
Camus par
Jean-Claude Brisville , édition Gallimard (Pour une
bibliothèque idéale)
Camus
, Théâtre, récits et nouvelles, édition
Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade)
Camus,
Essais, édition Gallimard (Bibliothèque de la
Pléiade)
Nota: les références de
pages renvoient à l'édition du Livre de
Poche
I
Présentation
sommaire
La Chute d'Albert Camus est la confession d'un homme qui a
été le témoin d'un drame dans lequel il a choisi
de ne pas intervenr. Juge-pénitent, il fait seul son
procès pour mieux juger les autres. Jean-Baptiste Clamence est
d'une lucidité féroce et decouvre dans la solitude
l'origine du mal.
Qui est Jean-Baptiste?
Jean-Baptiste est à la fois prophète et martyr.
Il est considéré par les évangélistes
comme le dernier prophète (1) de
l'Ancien Testament. Baptiseur dans le Jourdain (2)
(Jésus se serait fait baptiser par lui) il prêche
dans le désert (3) la venue du Messie.
Il sera emprisonné (4) pour avoir
reproché à Hérode Antipas son union incestueuse
avec la femme de son frère, Hérodiade. Salomé,
la fille d'Hérode Philippe et d'Hérodiade obtiendra de
son oncle qu'il fasse décapiter (5)
Jean et que sa tête soit présentée à sa
mère Hérodiade.Le Petit Robert des noms propres
précise que Saint Jean Baptiste a été
représenté "en prophère vêtu de poil de
chameau : mosaïques de Ravenne, portails de
Vézelay,Chartres, Amiens (...)" (6)
La fête de Jean le Baptiste correspond à sa naissance
et non à sa mort.
Jean-Baptiste Clamence clame dans le désert de
l'indifférence des hommes.
-------------
(1) Jean-Baptiste Clamence est le
prophète d'une ère nouvelle : "Il est trop tard,
maintenant, il sera toujours trop tard. Heureusement !" clame-t-il
à la fin de La Chute.
(2) De là l'importance de l'eau dans
La Chute, mais aussi du baptême ("Nous ne sortirons
jamais de ce bénitier immense" . Ch. 5, p.118 (réf.
edition Le Livre de Poche)
(3) Jean-Baptiste Clamence, s'appelle
Clamence pour souligner qu'il clame (dans le désert ? Moral
sans doute mais concrètement, l'humidité de la ville,
des canaux, l'absence de soleil, tout cela nous éloigne du
véritable désert, tout comme Clamence est un faux
Jean-Baptiste)
(4) Le thème de la prison est
récurrent dans La Chute (voir
ainsi l'allusion au "malconfort", "cette cellule de basse-fosse" dans
le chapitre 5 page 118 (réf. edition Le Livre de Poche), ou
plus loin "la cellule des crachats")
(5) "Je commençais d'écrire
une Ode à la police et une Apothéose du couperet"
pp.100-101 (réf. edition Le Livre de Poche)
(6) " Le chameau qui a fourni le poil de
mon pardessus souffrait sans doute de la gale" nous dit Clamence au
chapitre 1 page 12 (réf. edition Le Livre de Poche)
La construction du roman
Le roman comprend 6 parties (chapitres). Le récit n'est pas
chronologique, cependant il y a l'avant et l'après le drame.
C'est l'endroit qui devient l'envers à cause d'un rire. Il
existe un manichéisme presque systématique dans la
construction de ce roman.
Ch.1 . 1er jour : A Mexico-City, un bar d'Amsterdam " sur le
Zeedijk (p.12) qui accueille "des marins de toutes les
nationalités". Jean-Baptiste Clamence propose ses services
à un consommateur français qui ne parle n'arrive pas
à se faire comprendre. Il lui apprend qu'il a habité
Paris il y a de cela un certain temps,
Ch.2 . 2ème jour . A Mexico-City .La vie parisienne de
Clamence avocat.Le rire sur le pont des Arts. Le tableau volé.
L'activité de Clamence aux milieux de ce quartier de
souteneurs et de voleurs. "Je vous reverrai demain, sans doute.
Demain, oui, c'est cela".
Ch.3 . 3ème jour . A Mexico-City, puis promenade dans la
ville ("Verriez-vous un inconvénient, mon cher compatriote,
à ce que nous sortions pour marcher un peu dans la ville ?" p.
47). Le souvenir de la motocyclette et du "petit homme". Clamence et
les femmes. L'épisode du pont Royal : un suicide en novembre ?
Séparation de Clamence et de son interlocuteur devant le
domicile de l'ancien avocat. Rendez-vous pour le lendemain 11H
à Mexico-City pour visiter le Zuydersee.
Ch.4 . 4ème jour . Sur l'île de Marken, sur le
Zuydersee. Mise en évidence d'un enfer mou, évocation
de la mort, du pari, des contemporains juges hilares ou sournoisement
souriants. Une innocent refusée . Le petit Français de
Buchenwald. Les limbes : le lieu des anges neutres de Dante, entre
Dieu et Satan. Réflexion sur la duplicité de Clamence :
mais comment vivre dans le mensonge ? Il faut l'avouer aux autres
hommes. Allusion au triptyque volé.
Ch.5 . 4ème jour : Le retour, sur le Zuyderzee. Le soir
tombe. Clamence évoque l'absence de repère par
opposition à un voyage dans les îles grecques. Clamence
et les femmes : l'amour avec une femme instruite par la presse du
coeur. L'indifférence étend sa "sclérose" en
Clamence lorsque brutalement, lors d'un voyage en mer, à bord
d'un transatlantique, il aperçoit "un point noir sur
l'Océan couleur de fer". Il s'agit en fait d'un débris,
mais Clamence comprend "sans révolte, comme on se
résigne à une idée dont on connaît depuis
longtemps la vérité, que ce cri qui, des années
auparavant, avait retenti sur la Seine, derrière moi, n'avait
pas cessé, porté par le fleuve vers les eaux de la
Manche, de cheminer dans le monde, à travers l'étendue
illimitée de l'Océan, et qu'il m'y avait attendu
jusqu'à ce jour où je l'avais rencontré. Je
compris aussi qu'il continuerait de m'attendre sur les mers et les
fleuves, partout enfin où se trouverait l'eau amère de
mon baptême.". Dès lors Clamence comprend qu'il est
"coïncé" et il aborde pour son interlocuteur le
thème du malconfort. Il faut donc bien déduire de
l'existence même du malconfort celle de la culpabilité
du prisonnier. Et au fond, est-il besoin d'attendre le Jugement
Dernier ? Le jugement des hommes y pourvoie, d'autant que le seul
rôle de Dieu n'a été que de garantir l'innocence.
Or, même le Christ remet en cause la notion d'innocence : au
fond de lui, Jésus devait se savoir coupable; il devait savoir
que l'on fait toujours des fautes même si on ne s'en souvient
plus. Pouvait-il ne pas se sentir concerné par le massacre des
innocents ? Pour ne pas rester seul à vivre avec ce poids,
Jésus a donc préféré mourir : mais il a
été trahi à son tour, signe de
l'ambiguïté du monde...Mais le jugement des hommes reste
effréné et d'autant moins supportable qu'il se fait
sans loi : c'est l'avènement d'un monde des juges.
Ch.6 . 5ème jour : Clamence reçoit son interlocuteur
chez lui, couché. Il a de la fièvre qu'il soigne au
genièvre. Il lui dévoile le tableau volé qui
représente les juges intégres en considérant que
si son interlocuteur est un policier, il l'enfermera et le fera
passer en jugement en en faisant un martyr de la nouvelle foi. Comme
il semble que son interlocuteur ne soit pas un policier chargé
de l'arrêter, Clamence lui confie sa dernière faute, son
dernier crime : il a bu l'eau d'un camarade prisonnier comme lui et
qui était à l'article de la mort. Et il a bu cette eau
alors que tous ses compagnons, en lui faisant confiance, l'avait
nommé pape, chargé de la gestion de l'eau pour eux
tous. Il a donc trahi la confiance que les autres avaient en lui.
Le thème géneral
C'est évidemment la chute, la chute d'un ego, la chute
d'Icare, la chute de l'homme suivant les principes divins, dans la mesure où cela est
présenté comme tel. Mais Clamence présente-t-il
son aventure comme une chute pour convaincre son interlocuteur qu'il
n'y a pas de bonheur possible, pas d'espoir possible dans la vie. Ce
n'est donc pas la chute de l'homme au sens d'Icare qui a voulu
s'approcher de la lumière, de l'interdit : c'est dire
clairement qu'il n'y a pas de lumière accessible pour
l'homme
Clamence se croyait réalisé, en haut, il croyait
être arrivé et il se découvre bas, il se
découvre tel qu'il est vraiment. Plus il avance dans son
analyse de la morale et plus sa santé se dégrade. Tout
laisse cependant penser qu'il triche pour amener son interlocuteur
à le laisser séduire et , à son tour, à
commencer sa confession. Clamence est donc un homme de
théâtre !
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page]
II
Camus:
éléments de biographie
Camus est né en 1913, en
Algérie et il est mort en 1960 en France largement reconnu
puisqu'il venait d'obtenir le Prix Nobel en 1957. Il s'occupait alors
de théâtre après avoir mené une vie bien
remplie bien que tragiquement interrompue en pleine force de
l'âge.
La vie de Camus est sans doute d'abord
marquée par la pauvreté qu'il évoque dans
Le Premier Homme, le dernier ouvrage paru de lui à partir d'un
manuscrit inachevé.Ensuite on trouve l'importance de la guerre
qui lui a enlevé son père, et qu'il découvre en
France lors de la Seconde Guerre Mondiale . Il semble bien en retirer
son refus de la mort. De l'Algérie, il gardera l'image (et
l'amour) du soleil, de la mer et des bains de mer, du sport et
particulièrement du football. Philosophe, il
réfléchira aux rapports de la pensée
chrétienne et de la philosophie antique, deviendra un des
tenants de l'existentialisme avec Sartre dont il
s'éloignera.
1913 naissance d'Albert Camus à
Mondovi (département de Constantine, en Algérie)
1918-1923 : école communale
1924-1930 : lycée d'Alger
1933 : premier mariage qui durera un
an
1936 : diplôme d'étude
supérieur sur les rapports de l'hellénisme et du
christianisme à travers Plotin et Saint Augustin
1938 : journaliste à
Alger-Républicain
1940 : remariage. Départ pour la
France
1942 : entre dans le mouvement de
résistance «Combat»
21 août 1944 : premier numéro
de Combat dont Camus est rédacteur en chef
1947 : Camus quitte Combat .
1951 : rompt avec Sartre
1952 : démission de l'Unesco
1955 : Voyage en Grèce
1956 : Voyage en Algérie
1957 : Prix Nobel de Littérature pour
son oeuvre qui « met en lumière les problèmes se
posant de nos jours à la conscience des hommes»
1960 : mort dans un accident de
voiture.
III
BIBLIOGRAPHIE
SOMMAIRE
1937 : L'envers
et l'endroit (essai)
1939 : Noces
(essai)
1942 : L'Etranger (roman) ,
Le Mythe de Sisyphe (essai)
1944 : Calligula
(théâtre), Le
malentendu (théâtre)
1947 : La
Peste (roman)
1948 : L'Etat
de siège
(théâtre)
1950 : Les
Justes (théâtre)
1951 : L'homme
révolté (essai)
1954 : L'Eté (essais) ,
la femme adultère (nouvelle)
1956 : La
Chute (récit)
1957 : L'exil
et le royaume (nouvelles)
IV
La Chute de Camus : éléments
d'étude et de réflexion
THEMES GENERAUX
- Camus et la
pauvreté (préface
de l'Envers et
l'Endroit , édition de la
Pléiade pp 6-7)
Pour moi, je sais que ma source est dans
l'Envers et l'Endroit, dans ce monde de pauvreté et de
lumière où j'ai longtemps vécu et dont le
souvenir me préserve encore des deux dangers contraires qui
menacent tout artiste, le ressentiment et la satisfaction.
La pauvreté, d'abord, n'a jamais
été un malheur pour moi : la lumière y
répandait ses richesses. Même mes révoltes en ont
été éclairées. Elles furent presque
toujours, je crois pouvoir le dire sans tricher, des révoltes
pour tous, et pour que la vie de tous soit élevée dans
la lumière. Il n'est pas sûr que mon coeur fût
naturellement disposé à cette sorte d'amour. Mais les
circonstances m'ont aidé. Pour corriger une
indifférence naturelle, je fus placé à
mi-distance de la misère et du soleil. La misère
m'empêcha de croire que tout est bien sous le soleil et dans
l'histoire; le soleil m'apprit que l'histoire n'est pas tout. Changer
la vie, oui, mais non le monde dont je faisais ma divinité.
C'est ainsi, sans doute, que j'abordai cette carrière
inconfortable où je suis, m'engageant avec innocence sur un
fil d'équilibre où j'avance péniblement, sans
être sûr d'atteindre le but. Autrement dit, je devins un
artiste, s'il est vrai qu'il n'est pas d'art sans refus ni sans
consentement.
Dans tous les cas, la belle chaleur qui
régnait sur mon enfance m'a privé de tout ressentiment.
Je vivais dans la gêne, mais aussi dans une sorte de
jouissance. Je me sentais des forces infinies : il fallait seulement
leur trouver un point d'application. Ce n'était pas la
pauvreté qui faisait obstacle à ces forces : en
Afrique, la mer et le soleil ne coûtent rien. L'obstacle
était plutôt dans les préjugés ou la
bêtise. J'avais là toutes les occasins de
développer une «castillanerie» qui m'a fait bien du
tort, que raille avec raison mon ami et mon maître Jean
Grenier, et que j'ai essayé en vain de corriger, jusqu'au
moment où j'ai compris qu'il y avait aussi une fatalité
des natures. Il valait mieux alors accepter son propre orgueil et
tâcher de le faire servir plutôt que de se donner, comme
dit Chamfort, des principes plus forts que son caractère.
Mais, après m'être interrogé, je puis
témoigner que, parmi mes nombreuses faiblesses, n'a jamais
figuré le défaut le plus répandu parmi nous, je
veux dire l'envie, véritable cancer des sociétés
et des doctrines.
Le mérite de cette heureuse
immunité ne me revient pas. Je la dois aux miens, d'abord, qui
manquaient de presque tout et n'enviaient à peu près
rien. Par son seul silence, sa réserve, sa fierté
naturelle et sobre, cette famille, qui ne savait même pas lire,
m'a donné alors mes plus hautes leçons, qui durent
toujours. Et puis, j'étais moi-même trop occupé
à sentir pour rêver d'autre chose. Encore maintenant,
quand je vois la vie d'une grande fortune à Paris, il y a de
la compassion dans l'éloignement qu'elle m'inspire souvent. On
trouve dans le monde beaucoup d'injustices, mais il en est une dont
on ne parle jamais, qui est celle de climat. De cette
injustice-là, j'ai été longtemps, sans le
savoir, un des profiteurs. J'entends d'ici les accusations de nos
féroces philanthropes, s'ils me lisaient. Je veux faire passer
les ouvriers pour riches et les bourgeoix pour pauvres, afin de
conserver plus longtemps l'heureuse servitude des uns et la puissance
des autres. Non, ce n'est pas cela. Au contraire, lorsque la
pauvreté se conjugue avec cette vie sans ciel ni espoir qu'en
arrivant à l'âge d'homme j'ai découverte dans les
horribles faubourgs de nos villes, alors l'injustice dernière,
et la plus révoltante, est consommée : il faut tout
faire, en effet, pour que ces hommes échappent à la
double humiliation de la misère et de la laideur. Né
pauvre, dans un quartier ouvrier, je ne savais pourtant pas ce
qu'était le vrai malheur avant de connaître nos
banlieues froides. Même l'extrême misère arabe ne
s'y peut comparer, sous la différence des ciels. Mais une fois
qu'on a connu les faubourgs industriels, on se sent à jamais
souillé, je crois, et responsable de leur existence.
On pourra
aussi se souvenir que l'univers de Meursault, dans l'Etranger, celui de
Joseph Grand dans La
Peste [dont le narrateur dira que
s'il fallait un héros à cette chronique ce devrait
être lui, ce modeste employé de bureau] sont des univers
modestes, voire étriqués. A l'opposé, si le
manteau de Clamence est élimé, l'univers parisien de
Clamence et d'ailleurs celui de son interlocuteur, sont aisés.
Mais ces bourgeois lettrés sont mis en accusation par
Camus.
THEMES PARTICULIERS
LE THEATRE
- page 8 : "Paris est un vrai trompe-l'oeil,
un superbe décor habité par quatre millions de
silhouettes".
- page 16 : les Hollandais qui rêvent
de Java (évocation d'un décor en trompe-l'oeil)
- page 29 chapitre 2 : comparaison tribunal
/ théâtre
"Je n'étais concerné par aucun
jugement, je ne me trouvais pas sur la scène du tribunal, mais
quelque part, dans les cintres, comme ces dieux que, de temps en
temps, on descend, au moyen d'une machine, pour transfigurer l'action
et lui donner son sens"
[= le deus
ex machina ; tout ce passage
évoque le monde du théâtre avec la scène
d'une part, les cintres au-dessus de la scène et la machine
qui permet et de mouvoir le décor et de faire des apparaition
comme le "dieu sorti de la machine" qui surgit sur la scène
comme par enchantement]
- page 95 ch.4 : évocation du
théâtre que pratiquait Clamence au régimen, du
sport , "seuls endroits du monde où je me sente innocent" du
fait qu'ils ont tous les deux une règle du jeu peu
sérieuse mais que l'on s'amuse à prendre pour
telle.
- page 110 ch.5 : "plus de jeu, plus de
théâtre" (...)
- La mise en scène du récit
:
- Ch. 1 : le pont
- Ch. 2 "J'ai plané jusqu'au soir
où..." p.34
- Ch. 2 : le rire pp. 42-43
- Ch. 4 : "Je suis un des rares, au
contraire à pouvoir vous monter ce qu'il y a d'important
ici". p. 78
- Ch.4 : " Du reste, je risque maintenant
de vous intéresser vraiment. Avant de m'expliquer sur les
juges-pénitents, j'ai à vous parler de la
débauche et du malconfort" p.104
- Ch. 5 : "Vous vous trompez, cher, le
bateau file à bonne allure. Mais le Zuyderzee est une mer
morte, ou presque. Avec ses bords plats, perdus dans la brume, on
ne sait où elle commence, où elle finit. Alors, nous
marchons sans aucun repère, nous ne pouvons évaluer
notre vitesse. Nous avançons, et rien ne change. Ce n'est
pas de la navigation, mais du rêve." p. 105
- Ch. 5 : "Eh ! là , je
dérive, moi aussi, je deviens lyrique ! Arrêtez-moi,
cher, je vous en prie." p. 106
- Ch. 5 : " partout enfin où
se trouverait l'eau amère de mon baptême.Ici encore, dites-moi, ne sommes-nous pas sur
l'eau ? " p.116
- la comédie humaine :
- "Un mort sous presse, et le spectacle
commence enfin ", "Ils ont besoin de la tragédie" Ch. 2
page 38
- "Ensuite, j'ai fait une visite à
la concierge, pour recevoir ses remerciements de
tragédienne" Ch. 2 page 40
- " Je n'ai vraiment été
sincère et enthousiaste qu'au temps où je faisais du
sport,et, au régiment, quand je jouais dans les
pièces que nous représentions pour notre plaisir"
ch.4 page 95
- "C'est à qui crachera le premier"
p.121 ch. 5 (le jugement)
- le décor :
- la pluie au chapitre 3 qui permet de se
retirer sous un porche en s'arrêtant, oblige à
s'asseoir sur un banc et qui, lorsqu'elle cesse fait Clamence
demander à son interlocuteur de le reconduire chez
lui.
- ch.3 toujours, le décor dans le
récit du suicide auquel il pense avoir assisté en
traversant le pont Royal : "novembre" / "une heure après
minuit " / "une petite pluie tombait" / elle "dispersait les rares
passants"
- ch. 4 les maisons de l'île de
Marken, sur le Zuydersee évoquent un "village de
poupée".
- ch. 4 "le jour s'achève"
p.104
- ch. 4 "Voyez,les colombes se rassemblent
là-haut, elles remuent à peine, et la lumière
baisse" p.104 [les colombes ne cherchent-elles pas à
symboliser Clamence et son interlocuteur qui se rapprochent l'un
de l'autre ? Pensons aussi à l'importance
théâtrale de la lumière pour préparer
la confession.]
- ch.5 " ce cri qui, des
années auparavant, avait retenti sur la Seine,
derrière moi, n'avait pas cessé, porté par le
fleuve vers les eaux de la Manche, de cheminer dans le monde,
à travers l'étendue illimitée de
l'Océan, et qu'il m'y avait attendu jusqu'à ce jour
où je l'avais rencontré. Je compris aussi qu'il
continuerait de m'attendre sur les mers et les fleuves, partout
enfin où se trouverait l'eau amère de mon
baptême.Ici encore, dites-moi, ne
sommes-nous pas sur l'eau ? Sur l'eau plate, montone,
interminable, qui cofond ses limites à celles de la terrre
? Comment croire que nous allons arriver à Amsterdam ? Nous
ne sortirons jamais de ce bénitier immense. Ecoutez !
N'entendez-vous pas les cris de goélands invisibles ? S'ils
crient vers nous, à quoi donc nous appellent-ils ?"
p.115
LA PEINTURE SOCIALE :
- Les Hollandais (page 9 : "ces
messieurs-ci vivent du travail de ces dames-là" (...) "Ceci
dit, je les trouve plus moraux que les autres, ceux qui tuent en
famille, à l'usure".)
- L'administration et les méthodes
systématiques des nazis (ch.1)
- les rapports de Meursault avec les
autres.
- La concierge et son mari, puis avec son
compagnon qui la bat
- les honnêtes gens / aux brigands :
qui est coupable, qui doit être condamné
(ch.2)
- les moeurs en Grèce p. 106 ("les
amis se promènent dans la rue, deux par deux, en se tenant
la main...")
- la presse du coeur p.108
LA NATURE :
- Le gorille de Mexico-City
- Les cygnes p.16
- Les singes des maisons ( "comme des
singes somptueux" p.17)
- les minuscules poissons des
rivières brésiliennes
- les sauterelles, "ces
orthoptères" p. 21
- l'ours brun p. 44
- les colombes p.79 et 104
- l'agneau p.104
- le serpent p.109
- le perroquet p.109
LA DUALITE :
- Clamence : Avant/Maintenant [ "Si vous
voulez le savoir, j'étais avocat avant de venir ici.
Maintenant, je suis juge-pénitent". pp.10-11]
- Jean/Baptiste
- Juge/pénitent
- " Je sui renseigné, moi aussi, et
pourtant, je me confie à vous" p.12
- "Enfin, malgré mes bonnes
manières et mon beau langage, je suis un habitué des
bars à matelots du Zeedijk" Ch.1 p. 12
- "Mon métier est double,
voilà tout, comme la créature" Ch.1 p. 12
- "J'aime ce peuple (...) Je l'aime, car
il est double." Ch.1 p.15
- ch.2 page 38 : "l'homme est ainsi, cher
monsieur, il a deux faces : il ne peut aimer sans s'aimer".
- ch 2 page 44 : "Mon image souriait dans
la glace, mais il me sembla que mon sourire était
double.."
- ch.3 page 48 : la maison aux deux
têtes d'esclaves
- ch. 3page 49 : "Je sais bien qu'on ne
peut se passer de dominer ou d'être servi".
- ch. 5 page 105 : l'opposition entre
l'immobilité apparente du voyage sur le Zuyderzee et
l'impression de mouvement intense dans l'archipel grec.
AMSTERDAM: une ville
initiatique, un décor à la fonction
théâtrale selon Camus.
- Mexico-City sur le Zeedijk : un bar au
coeur d'Amsterdam ("Car nous sommes au coeur des choses" page 17),
grâce à un réseau de canaux concentriques. Ces
canaux symbolisent les cercles de l'enfer selon Dante (" Quand on
arrive de l'extérieur, à mesure qu'on passe ces
cercles, la vie, et donc ses crimes, devient plus épaisse,
plus obscure.Ici, nous sommes dans le dernier cercle"page 17).
Mexico-City est un lieu où échouent
inévitablement les visiteurs étrangers et où
Clamence, comme une araignée au fond de sa toile, les
guette ("En tout cas, les lecteurs de journaux et les fornicateurs
ne peuvent aller plus loin. Ils viennent de tous les coins de
l'Europe et s'arrêtent autour de la mer intérieure,
sur la grève décolorée. Ils écoutent
les sirènes, cherchent en vain la silhouette des bateaux
dans la brume, puis repassent les canaux et s'en retournent
à travers la pluie. Transis, ils viennent demander, en
toutes langues, du genièvre à Mexico-City.
Là, je les attends.
- Mexico-City est le lieu où
Clamence retrouve son interlocuteur le deuxième
jour.
- Un plan fourni par Clamence dès
le premier jour : Mexico-City se trouve entre l'hotel de
l'interlocuteur de Clamence et le quartier juif qu'habite
Clamence, comme un pont en quelque sorte.
- "Verriez-vous un inconvénient,
ce serait plus simple, à ce que je vous accompagne
jusqu'au port ? De là, en contournant le quartier juif,
vous trouverez ces belles avenues où défilent des
tramways chargés de fleurs et de musiques tonitruantes.
Votre hôtel est sur l'une d'elles, le Damrak. (...) Moi,
j'habite le quartier juif" p.13 ch 1
- "J'aime ce peuple,grouillant sur les
trottoirs, coincé dans un petit espace de maisons et
d'eaux, cerné par des brumes, des terres froides, et la mer
fumante comme une lessive.Je l'aime, car il est double. Il est ici
et il est ailleurs." p.15 ch 1
- Les enseignes, le néon, les
bicyclettes p.16
- Un peuple de marchands, de peintres (La
leçon d'anatomie) ch.1 p.15-16
- les vitrines : l'amour vénal p.18
ch.1
- "Je vous quitte près de ce pont"
p.18 ch.1
- Promenade dans la ville au chapitre 3
:
- remarques sur "le souffle des eaux
moisies, l'odeur des feuilles mortes qui macèrent dans
le canal et celle, funèbre, qui monte des
péniches pleines de fleurs" p.47
- mise en évidence de la maison
aux deux têtes d'esclaves p. 48 => un moyen
d'introduire le rapport domination/esclavage
- "Tiens, la pluie tombe de nouveau.
Arrêtons-nous, voulez-vous, sous ce porche." p.59. ch
3
- "Tiens, la pluie a cessé !
Ayez la bonté de me raccompagner chez moi" p.75
- "Mais nous sommes arrivés,
voici ma maison, mon abri ! " p.77
- "Je vous mènerai volontiers
à l'île de Marken, vous verrez le Zuydersee.
Rendez-vous à onze heures à Mexico-City." p.77
ch.3
- L'île de Marken et le Zuydersee
ch. 4 : Un village de poupée. " Le plus beau des paysages
négatifs " p.78
- "tout le monde peut vous faire
admirer des coiffes, des sabots, et des maisons
décorées où des pêcheus fument du
tabac dans l'odeur de l'encaustique. Je suis un des rares, au
contraire, à pouvoir vous montrer ce qu'il y a
d'important ici. p.78 ch .4
- Nous atteignons la digue. Il faut la
suivre pour être aussi loin que possible de ces trop
gracieuses maisons.Asseyons-nous (...) Voilà, n'est-ce
pas, le plus beau des paysages négatif ! Voyez, à
notre gauche, ce tas de cendres qu'on appelle ici une dune, la
digue grise à notre droite, la grève livide
à nos pieds et, devant nous, la mer couleur de lessive
faible, (...) p.78-79 ch.4
- l'effacement universel
- les colombes attendent
là-haut.
- les colombes se rassemblent
là-haut p.104
- Le retour de la "promenade en bateau" et
l'arrivée devant la porte de Clamence à la fin du
chapitre 5
- Chapitre 6: description d'Amsterdam sous
la neige .
- "Amsterdam endormie dans la nuit
blanche, les canaux de jade sombre sous les ponts neigeux, les
rues désertes, mes pas étouffés, ce sera
la pureté, fugitive, avant la boue de demain.
-
- LA VILLE
- S'interroger sur la ville dans la Chute
paraît une évidence tant la ville est
omniprésente tout au long de ces pages.
- La ville en effet est double
elle-même dans la mesure où Clamence joue sur deux
tableaux, celui de Paris et celui d'Amsterdam.
-
- Bien sûr on remarquera que les
deux villes évoque dans le souvenir de Clamence des temps
différents et des états différents. Paris,
c'est la ville de son passé -mais pas exclusivement-,
Amsterdam c'est la ville de son présent. D'aucun diront que
Paris c'est la ville de sa grandeur, de son
élévation, tandis qu'Amsterdam est la ville de la
Chute .Paris est la ville des embouteillages, des feux, des
conducteurs irascibles, Amsterdam, la ville des cyclistes
songeurs, la tête dans les nuages, à tourner en
rond.
-
- Et pourtant, la contradiction n'est pas
entière. Comme dans d'autres domaines , Clamence joue sur
l'ambiguïté. D'abord, Paris et Amsterdam se
ressemblent malgré l'opposition construite au début
par Clamence. "Sous le pont Mirabeau coule la Seine Paris"...,
Paris,c'est la ville de la Seine et des Ponts. [L'allusion au vers
d'Apollinaire n'est pas totalement gratuite dans la mesure aussi
où pour Apollinaire Paris, comme pour Clamence va se
révéler la ville de la désillusion en
matière d'amour. Amsterdam, c'est la ville de la solitude
et de l'amour qui s'achète. Et si Paris est principalement
définie par ses ponts : le pont des Arts, le pont Royal et
la Seine parce que s'il y a des ponts c'est qu'il y a la Seine.
Or, le pont est mis en évidence dès le chapitre I,
lorsque Clamence raccompagne son interlocuteur mais se refuse
à franchir un pont, surtout la nuit. Ainsi commence un jeu
de double entre Paris et Amsterdam, entre le récit de
Clamence et la réalité d'Amsterdam.
-
- Ainsi, Amsterdam est
présentée comme une ville double.
-
- Clamence tout en soulignant la
dimension réelle, touristique d'Amsterdam:
- "tout le monde peut vous faire
admirer des coiffes, des sabots, et des maisons
décorées où des pêcheus fument du
tabac dans l'odeur de l'encaustique. Je suis un des rares, au
contraire, à pouvoir vous montrer ce qu'il y a
d'important ici. p.78 ch .4
-
- en en brossant le portrait comme en
filigranne
-
- les sabots, les pêcheurs, les
harengs, la peinture, les vélos noirs à haut
guidon, le passé colonial de la ville et du pays tout
entier, l'île de Marken, le Zuydersee, le néon des
enseignes , les vitrines des lieux de prostitution,la digue, la
grisaille,
-
- s'efforce de faire surgir un autre
Amsterdam, en tout point semblable à Paris .
-
- C'est d'abord la notion d'errance . Une
errance évoquée dès le premier chapitre par
Clamence :
-
- "Ils viennent de tous les coins de
l'Europe et s'arrêtent autour de la mer intérieure,
sur la grève décolorée. Ils écoutent
les sirènes, cherchent en vain la silhouette des bateaux
dans la brume, puis repassent les canaux et s'en retournent
à travers la pluie" ch.1
-
- Puis renouvelée à propos
de Paris chapitre 5 "J'errais alors dans les rues. Ils errent
aussi, maintenant, je le sais ! Ils errent, faisant semblant de se
hâter vers la femme lasse, la maison
sévère...Ah! mon ami, savez-vous ce qu'est la
créature solitaire, errant dans les grandes villes
?"
-
- Oui encore à propos des gens
d'Amsterdam plongés dans un songe "plus fumeux le jour,
plus doré la nuit" et dont les "dieux grimaçants de
l'Indonésie (..) errent en ce moment au-dessus de
nous".
-
- Enfin, cette errance semble être
celle même de Clamence et de son interlocuteur dans une
promenade au hasard en apparence dans Amsterdam:
-
- Chapitre 3 "Verriez-vous un
inconvénient, mon cher compatriote, à ce que nous
sortions pour marcher un peu dans la ville" p.47
-
- Amsterdam, véritable labyrinthe,
avec ses canaux concentriques , dans laquelle Clamence
définit comme le coeur des choses avec deux centres (Mexico
City et la demeure de Clamence) :
-
- Chapitre 1 " car nous sommes au coeur
des choses. (...) Quand on arrive de l'extérieur, à
mesure qu'on passe ces cercles, la vie, et donc ses crimes,
devient plus épaisse, plus obscure".
-
- Car, Amsterdam, est à la fois une
réalité et un symbole. Lorsque Clamence
promène son personnage, on a l'impression qu'il "le
mène en bateau", et pas seulement sur le Zuydersee,
puisqu'il le conduit au coeur de sa confession, à l'aveu de
son premier crime, à l'aveu de ce qu'il est , à
l'aveu de ce qu'il fait. Et , symboliquement, Clamence
annonçant la neige, souligne qu'elle va effacer ses pas
(ch.6), comme si son personnage ne pourra plus retrouver son
chemin, comme si le chemin moral de Clamence l'a
définitivement enfermé dans ce cercle de la
déchéance vis à vis de soi.
-
- Bien entendu, on ne saurait clore
l'étude de la ville dans elle est complexe et se ramifie
dans toutes les directions. On pourra par contre faire remarquer
que la ville ainsi définie est le contraire de ce à
quoi Camus a aspiré toute sa vie : la ville est une lieu de
perdition alors que la mer, le soleil ont été les
éléments qui ont sauvé en quelque sorte Camus
enfant de la détresse morale. Cette solitude des ville, est
tout le contraire de la solidarité camusienne. Mais il est
intéressant de noter que c'est sur un aveu d'une
scène dans le désert de Libye que termine Clamence,
comme si la sécheresse du désert est semblable
à la sécheresse morale de la ville.
-
- La ville est donc le symbole de la
Sodome et Gomorrhe de la légende, et de la Bible.
LA RELIGION :
Elle est omniprésente .
- Le singe => l'arbre ? la tentation
?
- "Je m'expliquais sans peine que les
sermons, les prédications décisives, les miracles de
feu se fissent sur des hauteurs accessibles" ch.2 page 28
(édition Le Livre de Poche)
- " Je me sentais, j'hésite
à l'avouer, désigné " ; "C'est pourquoi,
vivant heureux, je me sentais, d'une certaine manière,
autorisé à ce bonheur par quelque décret
supérieur " ch. 2 p. 33
- L'enfer
- ch. 3 page 51 une définition
de l'enfer dans un classement définitif ("des rues
à enseignes et pas moyen de s'expliquer")
- ch 4 page 79 : "Un enfer mou"
- Evocation de Dante, de ses limbes, lieu
neutre "dans la querelle entre Dieu et Satan".
- La confession : "on ne pouvait mourir
sans avoir avoué tous ses mensonges. Non pas à Dieu,
ni à un de ses représentants, j'étais
au-dessu de ça, vous le pensez bien.Non, il s'agissait de
l'avouer aux hommes.."
- Evocation de l'agneau ("il ne suffit pas
de s'accuser pour s'innocenter, ou sinon je serais un pur
agneau"p.104)
- le serpent p.109
- l'espoir / le désespoir :
- "A un certain degré d'ivresse
lucide, couché, tard dans la nuit, entre deux filles, et
vidé de tout désir, l'espoir n'est plus une
torture, voyez-vous, l'esprit règne sur tous les temps,
la douleur de vivre est à jamais révolue".ch. 5
p.110
- l'immortalité :
- "Dans un sens, j'avais toujours
vécu dans la débauche, n'ayant jamais
cessé de vouloir être immortel" . ch. 5
p.110
- Baptême, bénitier : ch. 5
pp 117-118, un blanchissage ( "Alors, la seule utilité de
Dieu serait de garantir l'innocence et je verrais plutôt la
religion comme une grande entreprise de blanchissage, ce qu'elle a
été d'ailleurs, mais brièvement, pendant
trois ans tout juste, et elle ne s'appelait pas religion. Depuis
le savon manque, nous avons le nez sale et nous nous mouchons
mutuellement" ch.5 p.120
- La vocation, l'élection :
OCCURENCES et REPETITIONS
- le thème du double :
- celui de Clamence
- celui de ses deux vies (parisienne et
ensuite à Amsterdam)
- la dualité des
Hollandais
- la dualité du rêve (
après avoir parlé de la Hollande qui est un
songe, Clamence évoque les rêves fous de Cipango,
de "l'enfer bourgeois, naturellement peuplé de mauvais
rêves". Or qu'est-ce qu'un mauvais rêve, sinon un
cauchemar ? A la fin du chapitre I Clamence répondra
à son interlocuteur sur les prostituées dans les
vitrines en évoquant "le rêve à peu de
frais" )
- le mot lessive et ceux de la même
famille
- "Quel lessivage!" p.13
- "la mer fumante comme un lessive"
p.15
- "Nous, la crasse nous guinde.Avant de
nous présenter dans les îles grecques, il faudrait
nous laver longuement." p.106
- le nettoyage :
- "c'est le nettoyage par le vide" p.
13
- le nazisme (ch. I : le nettoyage du
quartier juif p.13, l'officier allemand qui demande à une
vieille femme de choisir le fils qui serait fusillé comme
otage p.14
- le malconfort : "ce peuple (...)
coincé dans un petit espace de maisons et d'eaux,
cerné par des brumes, des terres froides, et la mer fumante
comme une lessive" p.15
- fièvre et folie :
- "ces îles où les hommes
meurent fous et heureux".
- "et les îles dérivent,
démentes" p.19
- le rire :
- ch.3 p.71 "je me mis encore à
rire. Mais c'était d'un autre rire, assez semblable
à celui que j'avais entendu sur le ponts des
Arts.
LA FUITE
- P. 20, Ch 2 : "Bien entendu, je ne vous
ai pas dit mon vrai nom"
- la fuite de Clamence devant l'impossible
immortalité ("il faut bien se procurer des
succédanés de cette immortalité" ch.5
p.111)
CLAMENCE
- Son besoin de sympathie qu'il oppose,
chapitre 2, page 35 au besoin de secours, aux amis auxquels il
faut faire face. Pourquoi ?
- Son sytème :
- ch. 2 page 45 il précise : "Et
puis j'ai réglé quelques cas difficiles, par
intérêt d'abord, par conviction ensuite. Si les
souteneurs et les voleurs étaient toujours et partout
condamnés, les honnêtes gens se croiraient tous et
sans cesse innocents, cher monsieur. Et selon moi
-voilà, voilà, je viens !- c'est surtout cela
qu'il faut éviter.
- son égoïsme ("en somme,
pour que je vive heureux, il fallait que les êtres que
j'élisais ne vécussent point." p.74 ch.3)
- son besoin de domination
(épisode de la femme p.70 qu'il abandonne lorsqu'elle
rend hommage "à ce qui l'asservissait")
- le piège des mots : "vous ne
comprenez pas ce que je veux dire ? Je vous avouerai ma
fatigue. Je perds le fil de mes discours, je n'ai plus cette
clarté d'esprit à laquelle mes amis se plaisaient
à rendre hommage. Je dis mes amis, d'ailleurs, pour le
principe. Je n'ai plus d'amis, je n'ai que des complices. En
revanche, leur nombre a augmenté, ils sont le genre
humain." p.80
- l'innocence au seul
théâtre et au seul sport
- la peur de mourir sans avoir
avoué ses mensonges...."Non pas à Dieu, ni
à un de ses représentants, j'étais
au-dessus de çà, vous le pensez bien. Non , il
s'agissait de l'avouer aux hommes".......afin d'éviter
que ce mensonge ne devienne définitif
>>>Clamence obsédé par l'innocence ou
l'absolution ? (voir le théme obsédant de l'eau,
de la lessive, du linge sale qu'on lave en famille)
- Ses quêtes en amour: "
Désespérant de l'amour et de la chasteté,
je m'avisai enfin qu'il restait la débauche qui remplace
très bien l'amour, fait taire les rires, ramène
le silence, et, surtout, confère l'immortalité."
p. 110 ch 5
- Autoportrait :
- un physique de joueur de rugby, mais une conversation
raffinée
- "Après tout, c'est bien
là ce que je suis, réfugié dans un
désert de pierres, de brumes et d'eaux pourries,
prophète vide pour temps médiocres, Elie sans
messie, bourré de fièvre et d'alcool, le dos
collé à cette porte moisie, le doigt levé
vers un ciel bas, couvrant d'imprécations des hommes
sans loi qui ne peuvent supporter aucun jugement."p. 127ch
5
ECRITURE
- L'antithèse :
- "Vivent donc les enterrements !" p.42
ch. 2
- " pour que je vive heureux, il
fallait que les êtres que j'élisais ne
vécussent point" p.74 ch.3
- "Voulez-vous que nous nous taisions
pour savourer cette heure assez sinistre ?" p.104 ch 4
- Aphorisme :
- "Le mariage bourgeois a mis notre
pays en pantoufles, et bientôt aux portes de la mort." p.
115 ch. 4
- Maximes et
proverbes :
- "Quand le corps est triste, le coeur
languit" p. 47 ch 3
- " Pour que la statue soit nue, les
beaux discours doivent s'envoler" p.75 ch.3
- Euphémisme
:
- "elle rendit hommage à voix
haute à ce qui l'asservissait" p. 70 ch 3
- Comparaison :
- "irrigué par un sang doux
comme la pluie qui tombait" p.76 ch.3
- Métaphore
:
- "Le silence suivit, dans la nuit
soudain figée" p.76 ch.3
- "A l'époque, je n'avais pas
trouvé la recette" p. 98 ch. 4
- Métaphore
filée : le baptême, le bénitier et
l'eau
- " ce cri qui, des
années auparavant, avait retenti sur la Seine,
derrière moi, n'avait pas cessé, porté par
le fleuve vers les eaux de la Manche, de cheminer dans le
monde, à travers l'étendue illimitée de
l'Océan, et qu'il m'y avait attendu
jusqu'à ce jour où je l'avais rencontré.
Je compris aussi qu'il continuerait de m'attendre sur les mers
et les fleuves, partout enfin où se trouverait l'eau
amère de mon baptême.Ici encore, dites-moi, ne sommes-nous pas sur
l'eau ? Sur l'eau plate, montone, interminable, qui cofond ses
limites à celles de la terrre ? Comment croire que nous
allons arriver à Amsterdam ? Nous ne sortirons jamais de
ce bénitier
immense. pp 117-118
- L'eau amère =
l'eau a-mer ? (voir juste au-dessus)
- un champ lexical
- de l'eau à la fin du chapitre
4
- "le rire a continué
à flotter autour de moi"
- "la mer monte"
- "notre bateau ne va pas tarder
à partir"
- un oxymore :
- une
périphrase :
CONSTRUCTION DU RECIT
- Préparation de la confession de
l'interlocuteur
- Ch.3 p.70-71 : " Je conviendrai avec
vous, malgré votre courtois silence, que cette aventure
n'est pas très reluisante. Songez pourtant à
votre vie, mon cher compatriote ! Creusez votre mémoire,
peut-être y trouverez-vous quelque histoire semblable que
vous me conterez plus tard.
- Ch.3 : préparation de la venue de
l'interlocuteur de Clamence qui le conduit une première
fois jusque chez lui.
- Chute : à la fin du chapitre 3
Clamence quitte son interlocuteur sur l'aveu vertigineux mais en
le laissant sur une impression de mystère.
- Ch. 4 page 98 : évocation du
tableau volé. ("Je suis le seul à connaître ce
que tout le monde cherche et que j'ai chez moi un objet qui a fait
courir en vain trois polices")
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